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Déclaration PLAN ENTREPRISE 2020

wb_2A0269D0Nous profitons de l’occasion qui nous est donnée de vous voir siéger à cette séance du CRE afin de porter une nouvelle fois notre analyse, notre vision sur ce qui structure votre politique engagée au travers le plan d’entreprise 2008/2012 et la continuité de cette dernière au travers « Vision 2020 ».
Un bilan du plan précédent est indispensable afin d’évaluer l’efficacité de la politiques menées …
Mais avant d’aborder le fond arrêtons-nous d’abord sur la forme.
Le plan d’entreprise 2008/2012 s’est traduit, dans sa préparation, par près de 800 réunions d’information ou de travail, avec plus de 5.000 contributions.
Les organisations syndicales avaient à l’époque été associées à cette démarche dite « participative ».
La CGT-RATP avait alors fait des propositions sur les finalités de l’entreprise, les règles sociales, la qualité du dialogue social, nos missions de service public, la mise en œuvre d’espaces de réflexion regroupant la direction RATP, les élus et les organisations syndicales.
Le refus de les prendre en compte prouve, qu’à l’époque, la méthode retenue ne visait qu’à inviter les différentes intervenants à réfléchir dans un cadre contraint pour dégager des objectifs préalablement définis :
– Faire entrer la RATP dans le « top 5 » des groupes de transports a conduit à gérer l’entreprise sur le concept des entreprises privées ;
– Fixer des objectifs d’équilibre financier de rentabilité propre à chaque activité a conduit à faire oublier les finalités de notre entreprise publique de service public et a acculé les agents à des reculs sociaux, des contraintes accrues amplifiées par le dogme de la productivité.
La préparation du plan d’entreprise 2008/2012 n’avait d’autre ambition que de nous faire accepter cela.
La mise en œuvre du plan s’est heurté à la crise financière avec l’effet pour conséquence une baisse des ressources des donneurs d’ordre publics.
Avec une hausse du trafic, avec moins d’effectifs et une baisse de la qualité de service vous avez maintenu le cap !
Concernant les effectifs ce sont plus de 3000 postes qui ont été supprimé sur la durée du plan avec pour conséquence la dégradation de vie et de travail des agents avec une « démolition des garanties collectives » organisée.
Mais cela ne suffit toujours pas puisque le projet « Vision 2020 » a l’ambition de nous ramener encore plus bas pour être en ligne avec les sociétés privées sur nos coûts d’activités. Autrement dit, le modèle n’est pas celui de la gestion publique efficace et efficiente, mais celui des ratios financiers du secteur privé.
Ce nouveau Plan va conditionner la trajectoire de la RATP pour 8 ans. Derrière cette durée inhabituelle, il y a la perspective de l’ouverture du réseau bus à la concurrence fin 2024 dans une logique de libéralisation du transport.
Le retrait de Véolia du secteur comme le mouvement de retour vers des formes de gestion publique du transport devraient pourtant faire réfléchir les autorités politiques tant françaises qu’européennes sur les limites de ce modèle et les dangers qu’il y a à vouloir à toute force y imposer les règles de rentabilité, la pénétration des intérêts privés et la compétition entre opérateurs.
« Vision 2020 » s’inscrit dans la continuité d’ « Ambition 2012 » alors que le type de développement engagé depuis plus de 10 ans est manifestement grippé.
D’abord parce que la course à la productivité a de plus en plus clairement des effets négatifs sur la qualité de service. Sans parler de nouveaux engagements contractuels imposés par le STIF, l’examen des tableaux de bord des derniers trimestres du précédent contrat a mis en évidence des difficultés toujours accrues à atteindre les objectifs de production fixés. Dans le contexte concurrentiel, cela veut dire que le principal avantage compétitif de la RATP qu’est précisément la qualité de service est aujourd’hui menacé.
Grippé aussi parce les sources de financement du groupe sont toutes remises en cause : avec le nouveau contrat STIF et ses exigences accrues, plus de bonus ; les gisements de productivité qui ont tous été largement explorés sont en voie d’épuisement ; la baisse générale de rentabilité du secteur fait que l’autofinancement programmé de RATP Dev n’est pas au rendez-vous. Du coup, la filiale crée de la dette qui sera à la charge de l’EPIC, en totale contradiction avec l’objectif de stabilisation puis de baisse de l’endettement pourtant présenté comme le point nodal de la gestion de l’entreprise.
D’autant plus que, contrairement à la dette de l’EPIC, parfaitement fléchée et correspondant à des investissements identifiés que l’Etat propriétaire a délégué à la RATP, il s’agit dans le cas de RATP Dev d’une dette relevant de choix de gestion interne et qui sera à la charge de la maison mère.
Que valent les ambitions de croissance si elles sont réalisées à ce prix ? On a vu dans d’autres entreprises anciennement publiques ce qu’a coûté en gâchis d’emplois et de ressources une telle fuite en avant. Il ne faut pas emprunter le même chemin.
C’est pour toutes ces raisons que :
– nous ne partageons pas les éléments de contexte qui placent la question de la concurrence comme inéluctable et tente de faire apparaître l’entreprise comme victime des décisions politiques au niveau européen et national, oubliant largement le rôle proactif qu’a eu la direction de la RATP, notamment à Bruxelles.
– Que nous ne partageons pas aussi la stratégie de l’entreprise, son développement à travers, principalement, les filiales au détriment de l’EPIC qui verrait sa part se réduire à peau de chagrin, voire être mise en concurrence avec les filiales du Groupe RATP.
– Que nous ne partageons pas le modèle économique du groupe qui vise à faire de la RATP un acteur du transport dont les critères de rentabilité prévaudraient sur la réalisation de missions de service public et le besoin de transport exprimé, tant par les usagers, les collectivités locales, le STIF que l’Etat.
Au contraire nous portons l’exigence d’une nouvelle réorientions par les pouvoirs de tutelle sur ce que devrait être une vision différentes de la politique d’e notre entreprise publique de service public en matière de développement.
Des éléments qui à notre sens devraient figurer dans une nouvelle lettre de mission du gouvernement.
Celle-ci est en effet indispensable pour expliciter le positionnement des pouvoirs publics quant à l’avenir de l’entreprise publique qu’est la RATP enjeu sur lequel il y a, comme sur le reste, de fortes attentes de changement.

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