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29.03.2019 Conseil d’administration RATP

Les résultats 2018 traduisent la stratégie initiée ces dernières années : diminution des coûts de production avec la perspective de l’ouverture à la concurrence et dégagement d’une marge au-delà de ce qui a été contractualisé avec IdFM.

C’est encore l’EPIC RATP qui tire les résultats du Groupe, avec des résultats financiers exceptionnels, profitant de la hausse du trafic voyageurs et de l’augmentation des recettes directes, conséquence aussi de l’augmentation tarifaire qui fait baisser la contribution d’IdFM à 42 %. Malgré un retraitement d’éléments fiscaux défavorables, tous les indicateurs financiers de l’EPIC sont au vert et dépassent largement les objectifs de la maquette du contrat.

Avec 248 M€, le résultat net est 67 M€ au-dessus du budget 2018, et supérieur de 106 M€ à l’objectif contractualisé. La CAF, avec 961 M€, est à + 95 M€ au-delà de ce qui a été contractualisé. Depuis 2014, la RATP aura ainsi totalisé 254 M€ de bénéfice net additionnel et 333 M€ de CAF supplémentaire par rapport à la maquette. A la veille de la renégociation du contrat, nul doute que ces résultats pourront être utilisés par IdFM pour revoir à la baisse la rémunération de la RATP.  

Ces résultats sont principalement le fruit d’une pression sur les effectifs et les dépenses de personnel et qui n’est pas sans impact sur la capacité des différents secteurs de l’entreprise pour assumer leurs missions et leurs engagements.

En 2018, la productivité s’est largement faite sur le dos des salariés : Des 0,5% contractualisés, on est passés à 1%, soit 25 M€ représentant – 349 ETP (- 129 à la maintenance, – 64 à BUS, – 92 résultant de Diapason, – 64 sur les autres secteurs). Si le solde d’emplois est positif avec + 316 ETP, cela résulte de l’accroissement de l’offre et de besoins nouveaux. Pour relativiser,  l’offre de service sera passée de 461 MVK en 2003 à 603 MVK en 2018, soit + 31%, alors que le nombre de salariés n’aura augmenté que de 2,4% sur cette période ! L’effort est donc considérable.

Mais cela ne suffit pas. Alors que tout permettait d’engager une politique salariale qui maintienne à minima le pouvoir d’achat, celle-ci reste cadenassée dans un étau, suivant en cela les consignes austéritaires du gouvernement. La MSPA n’aura bougé que de 0,7%, soit  -0,9% par rapport à l’inflation et – 0,9% par rapport à l’indice des salaires de la branche qui a été de 1,6%. Si la RATP a su se préserver de l’incidence de l’inflation sur sa rémunération par IdFM par un mécanisme de compensation, on aurait souhaité que ce qu’elle juge nécessaire pour assurer son fonctionnement, elle le fasse aussi pour ses personnels. Quant à la progression affichée de la RMPP pour 2,3%, elle a été largement atténuée par un GVT négatif de – 1,6%. Et rappelons que tous les salariés ne bénéficient pas, loin s’en faut, d’une mesure de déroulement de carrière chaque année. 

Au total, l’EPIC a réalisé en 2018 25 M€ d’économies sur l’emploi et 33 M€ sur les salaires (correspondant  à la différence entre l’indice STIF et la MSPA), soit 58 M€ au total. Donc de l’argent, il y en a. Mais, les salariés n’ont pas le juste retour de leur investissement et la reconnaissance de leur travail. Si la créance de la RATP envers IdFM est conséquente, celle des salariés de la RATP l’est tout autant.  Le solde de tout compte n’y est pas !

Sur les investissements, on peut se féliciter du rattrapage qui a été réalisé au dernier trimestre et qui a permis d’éviter l’application des clauses de pénalités. Les efforts en la matière devront être soutenus dans la durée pour coller davantage aux schémas directeurs des investissements. La baisse significative de la dette, a contrario des prévisions budgétaires est un autre élément prouvant l’excellente santé financière de l’entreprise.

Les résultats des filiales sont plus contrastés.   

A RATP Dev, la situation doit être regardée sans œillère. Le chiffre d’affaires a repris sa progression, mais on est loin de l’objectif de croissance rentable annoncé autour de cette table. Même en intégrant les éléments classés de façon discutable comme non-récurrents, la profitabilité se dégrade, avec un taux d’EBIT passé de 2,5% à 2,3%. Le RNPG, prévu à + 7,2 M€, affiche une perte de 6,9 M€. Malgré le décalage d’investissements, le Free Cash-Flow se dégrade fortement à – 44 M€, et le niveau d’endettement culmine à 176 M€, atteignant un ratio proche des 3%, soit le maximum autorisé par le CA, alors que la filiale a encore bénéficié de 22 M€ d’apport de capital. Dans un contexte géopolitique incertain, les difficultés demeurent au Royaume-Uni avec une rentabilité négative, sur le sightseeing, en Asie. L’activité aux Etats-Unis (également en rentabilité négative) est suspendue à la capacité de remporter l’appel d’offres d’Austin pour dégager un réel gain, et l’Algérie est placée sous surveillance compte tenu des événements en cours. Avec 2,6 M€ de dividendes versés en 2018, 13,7 M€ auront été versés à la maison-mère depuis 2002, à rapprocher des 381 M€ versés en capital. Le retour sur investissement est donc loin d’être atteint. Ce n’est pas la qualité de la gestion qui est en cause, mais bien l’objectif de chiffre d’affaires qui lui a été assigné, incompatible avec l’exigence de rentabilité et d’auto-financement dans un contexte marqué par la compression des ressources des A.O.T. dans les pays développés et la réduction brutale de la croissance dans les pays émergents. Et c’est cet objectif irréaliste qu’il convient de revoir. Nous ne cessons de le répéter depuis des années. Les chiffres 2018 nous donnent une fois de plus raison.

Concernant SYSTRA, la situation qui était préoccupante en 2017 s’est heureusement redressée. Cependant, la trajectoire de cette filiale doit plus que jamais rester sous surveillance. Un point préoccupant est la composition du chiffre d’affaires, dont la part réalisée en France est passée sous la barre des 30%. Or, comme cela avait été souligné il y a quelques mois, les entreprises d’ingénierie qui réussissent sont celles qui ont su préserver une part majoritaire ou du moins conséquente de leur activité sur le territoire national. Et la montée des incertitudes géopolitiques à l’international renforce la pertinence d’un tel positionnement. Une réflexion est engagée pour diversifier le portefeuille des activités en France, mais comment ne pas noter qu’avec les investissements importants que notre pays va devoir consentir en matière d’infrastructures de transport, SYSTRA a dans notre pays un marché potentiel dont il doit tirer un meilleur bénéfice ?

Telles sont les principales remarques, non exhaustives, que nous souhaitions mettre en avant.

C’est en cohérence avec nos critiques sur les priorités actuelles de la gestion et avec les réorientations que nous demandons que nous voterons contre les comptes sociaux et consolidés.

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