CREIRPs Transversales

29.07.2016 Déclaration CGT-RATP

Cela ne vous a pas échappé, nous célébrons cette année les 80 ans de la conquête des congés payés. Ils ont révolutionné la vie et à la veille des départs pour certains, faisons un focus sur cette formidable idée révolutionnaire.
Jusqu’au Front populaire, les congés étaient réservés aux 1 % les plus riches. Donc conquête majeure des luttes sociales, les cinq semaines actuelles paraissent garanties en 2016. Mais depuis une vingtaine d’années, la donne a changé. Si 65 % des français prenaient des vacances au début des années 1990. Ils ne sont plus que 50 %. Compétitivité, chômage et précarité riment avec vacances fractionnées, séjours plus courts et moins coûteux. Le profit et le marché imposent leurs règles pour faire rimer vacances et loisirs avec consommation.
C’est donc en août 1936, que les congés payés deviennent un droit. « Tout ouvrier, employé, apprenti de l’industrie, du commerce, des services et de l’agriculture a droit à un congé payé annuel et continu d’au moins quinze jours », dit la loi du 20 juin 1936 votée par la Chambre des députés à 563 voix contre 1. Les réacs de l’Action française crient au complot, dénonçant « un droit à la paresse ».
Les luttes sociales ont fait progresser par étapes ce droit jusqu’aux cinq semaines actuelles. Les grèves et l’occupation de 1955 chez Renault Billancourt ouvrent la voie à la troisième semaine (mars 1956) et font décoller les départs. Auberges de jeunesse, comités d’entreprise, colonies de vacances, éducation populaire : le tourisme social et associatif démocratise les vacances.
La quatrième semaine est arrachée en avril 1963 après 35 jours de grève aux Charbonnages de France. Alors qu’elle était incluse dans quelques accords de branche, il a fallu attendre 1969 pour qu’elle soit généralisée. La cinquième semaine intervient douze ans plus tard, en 1982, dans la foulée de la victoire de l’Union de la gauche.
Force est de constater que le gouvernement actuel est en train de renier l’héritage du Front populaire par ses ambitions libérales et ses dérives sécuritaires.
Après les menaces, les amalgames entre casseurs et manifestants, le couperet est tombé la veille de ce 23 juin, date d’une nouvelle manifestation contre le projet de loi Travail. Pour la première fois depuis 1962 une manifestation organisée par des syndicats représentatifs serait interdite.
Malgré les menaces, les valses hésitations d’un gouvernement aux abois, les 7 organisations syndicales opposées au projet de loi Travail ont imposé les manifestations et rétabli les salarié-e-s dans leur droit légitime et constitutionnel à manifester. Certes la forme arrachée a laissé un goût inhabituel tant le dispositif de sécurité a été écrasant que par un parcours relativement court. L’histoire retiendra surtout que nous avons fait reculer le gouvernement enlisé dans un nouveau couac.
Depuis des mois, contre la majorité de l’opinion publique, contre une majorité de parlementaires, contre la majorité des organisations syndicales, le gouvernement s’entête à faire passer une loi qui va mettre en péril des conquêtes sociales historiquement arrachés par les salariés.
Ce gouvernement qui n’est plus soutenu dans le pays, qui est contesté par ceux-là même qui l’ont mis au pouvoir, a choisi la force et le déshonneur. C’est une décision lourde de conséquence, qui acte le choix d’un salariat « low cost » plutôt que l’accroissement des droits. Le débat parlementaire continu, les mobilisations continues, au-delà du droit du travail c’est au droit de manifester auquel ils se sont attaqués. Ce gouvernement laissera dans les mémoires un goût amer de renoncement et de capitulation devant le patronat.
C’est donc une mobilisation exceptionnelle qui a pris racine en France depuis maintenant bientôt cinq mois. Une très large majorité de salariés a compris les méfaits de la loi « Travail » : Ce n’est pas en favorisant  les licenciements qu’on va créer des emplois; Ce n’est pas en cassant la médecine du travail qu’on va lutter contre les burn-out !
A l’appel des 7 organisations syndicales pour combattre la casse du Code du Travail et porter l’exigence de nouveaux droits sociaux, des centaines de milliers de salariés se sont donc mobilisés tout au long du printemps, jusqu’à 1 300 000 dans les rues le 14 juin.
70% des français rejettent donc cette loi. Pourtant le gouvernement s’acharne à passer en force sa casse du code  travail en utilisant l’article 49-3 de la Constitution pour éviter les débats parlementaires. Pire, depuis 5 mois, il a tout fait pour discréditer le mouvement en méprisant, en humiliant, en provocant ceux qui s’opposent à son projet (étudiants et lycéens compris).
Malgré quelques reculs, la loi prévoit toujours de revenir sur la hiérarchie des normes et le principe de faveur. Le petit jeu que se joue la majorité sénatoriale et celle de l’assemblée est pathétique. Les actuels et futurs salariés de ce pays méritent mieux que ça ! Le fond de cette loi c’est la porte ouverte au moins disant social. C’est laisser le patronat décider, seul, de l’organisation du travail ou du paiement de nos salaires. C’est comme si les maires de France imposaient leur propre Code de la Route.
Ce projet de loi est la reprise intégrale du cahier de revendications du patronat. L’histoire nous a montré aussi que si une grande partie du texte ne concerne pas le périmètre de la  RATP, au nom d’une pseudo « équité », les dispositions néfastes finiront par s’appliquer dans un contexte où les agents RATP ne seront plus que seuls à s’opposer à des reculs sociaux de cette nature.
D’ailleurs l’utilisation du 49-3, pour faire adopter cette loi, est une véritable honte !
Car malgré les tentatives de division, une majorité de citoyens rejette donc la loi et soutient la mobilisation. Plus que jamais, dans ce monde en crise où, au nom de la rentabilité, les femmes et les hommes sont ignorés et mis en concurrence, il y a besoin de solidarités, de rencontres, d’objectifs communs, de s’unir pour de nouvelles conquêtes sociales.
Face à la pression des salariés, gouvernement et patronat doivent faire marche arrière, comme cela a été le cas en 2006 pour le Contrat Première Embauche (CPE).
Pour terminer et ça devient une habitude, nous ne pouvons pas passer sous silence les méthodes inacceptables utilisées par  certaines direction de l’entreprise. Ceci pour faire pression sur les agents ayant déclaré leur intention de faire grève sur le préavis CGT-RATP, entré en vigueur dès le 2 juin. Des encadrants ont appelé des opérateurs pour les dissuader d’user de leur droit constitutionnel de grève.
En effet, l’utilisation des informations recueillis à partir de l’application « ConSer » ne servent qu’à organiser le service. Le texte de loi est clair : « Les informations issues de ces déclarations individuelles ne peuvent être utilisées que pour l’organisation du service durant la grève. Elles sont couvertes par le secret professionnel. Leur utilisation à d’autres fins ou leur communication à toute personne autre que celles désignées par l’employeur comme étant chargées de l’organisation du service est passible des peines prévues à l’article 226-13 du code pénal », soit d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Après les mails, les messageries téléphoniques ont aussi cette capacité de garder en mémoire les échanges. Les témoignages recueillis sont d’ores et déjà en possession de nos conseils juridiques qui examinent les suites que nous y apporterons.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Phone
Email
Messenger
Messenger
Phone
Email