CAIRPs Transversales

31.08.2016 Comptes sociaux et comptes consolidés RATP

Déclaration des administrateurs salariés élus sur les listes CGT, UNSA, SUD et sans étiquette.
Les résultats des comptes sociaux et consolidés au 30 juin 2016 s’inscrivent pleinement dans la continuité des politiques engagées ces dernières années.
S’il faut saluer la bonne réalisation du programme d’investissements, l’examen du compte d’exploitation appelle un tout autre commentaire.
Avec déjà 113 M€, il y a fort à parier que le résultat net de l’EPIC fin 2016 dépassera les objectifs du budget 2016. Même en intégrant les effets saisonniers, on devrait atteindre cette année un résultat net supérieur à 200 M€, soit bien plus que les 187 M€ budgétés, cet objectif se situant déjà lui-même, faut-il le rappeler, au-dessus du chiffre de 175 M€ prévu dans la maquette du contrat STIF.
Ce résultat net a été obtenu au prix d’un coût social élevé :

  • Côté emploi, les opérations de suppression de postes se sont poursuivies avec encore 1% de productivité. Cette politique a affecté tous les secteurs, y compris le réseau de surface. D’un côté, ce dernier bénéficie certes des embauches de machinistes prévues par le contrat pour compenser les manques d’effectifs pour enrayer les pertes de production constatées depuis des années ; mais de l’autre, on continue à y supprimer des effectifs, avec près de 200 emplois qui seront supprimés cette année (113 à BUS et 80 à MRB).
  • En assurant la qualité de service demandée avec une tension accrue sur les effectifs, les salariés subissent au quotidien une dégradation de leurs conditions de travail. Le niveau des accidents de travail, leur taux de gravité, l’augmentation de l’absentéisme maladie en sont les symptômes.
  • Côté rémunération, les personnels se voient appliquer le gel du point de base pour la deuxième année consécutive. La quasi-stagnation de la MSPA en est la conséquence. Une situation inacceptable quand on a en tête les bénéfices record réalisés l’an dernier.

L’excédent de résultat net par rapport aux prévisions pose deux questions de fond quant à sa destination.
D’une part, il crée les conditions d’un nouveau rebasage. Nous l’avons vu ces derniers mois, l’Etat comme le STIF ne sont pas avares d’ingéniosité pour faire supporter à la RATP l’insuffisance de financements pérennes du système de transports publics francilien. Comment penser, qu’au vu des surplus dégagés par l’EPIC, ils ne seront pas tentés d’y recourir de nouveau ?
D’autre part, il apparaît que cet argent est utilisé de plus en plus pour financer le développement des filiales et notamment de RATP Dev. RATP Dev, qui a déjà bénéficié de 370 M€ d’apport en capital en 12 ans, s’est vu octroyer 150 M€ de prêt par la maison-mère, et il est prévu de mettre encore 30 M€ supplémentaires chaque année en apport de capital.
Or, la trajectoire financière de cette filiale, pilotée par des objectifs de croissance irréalistes et de plus en plus coûteux, soulève de nombreuses interrogations :

  • Le bénéfice dégagé au premier semestre est proche de zéro et tous les indicateurs financiers se dégradent.
  • Présentée comme une pépite, l’activité de sightseeing affiche partout des résultats en recul au premier semestre avec des pertes cumulées de 3,2 M€, et son avenir est très incertain compte tenu de l’évolution difficile du secteur touristique. A Paris, le risque de dépréciation des actifs n’est pas à écarter.
  • Sur la grande opération qu’est le marché gagné en Toscane, les dernières informations connues ne semblent pas non plus garantir l’avenir. Les gains espérés pour 2017 semblent s’éloigner à grands pas, puisque l’attribution de l’appel d’offres pourrait être remise en cause.

Les éléments qu’on nous présente ne relèvent pas à notre sens d’événements conjoncturels qui n’auraient pas d’impacts dans la durée, bien au contraire. Et la stratégie suivie ressemble au défi de remplir le tonneau des Danaïdes : l’argent qu’y engloutit l’EPIC RATP s’écoule par le fond.
Nous ne pouvons accepter qu’on gaspille ainsi les deniers publics. Nous sommes donc fondés à demander une fois encore une réorientation radicale de la stratégie de développement du Groupe et notamment des priorités de gestion fixées à RATP Dev.
Au regard de ces remarques, nous voterons contre les comptes sociaux et consolidés.

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