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Avenir de la billettique : positionnement & propositions

wb_8A1A37F753E84595B4318166F71FEF31La billettique dans les transports franciliens : état des lieux et évolutions envisagées
Actuellement dans les transports franciliens, chaque exploitant (RATP, SNCF et Optile) gère son propre système d’information billettique. Seuls les abonnements (titres longs comme Navigo, Imagin’R, Améthyste) sont aujourd’hui assurés en commun par le GIE Comutitres créé en 2000 et qui regroupe RATP, SNCF et Optile.
Une première évolution possible est donc la création d’un système unifié qui couvrirait l’ensemble des titres.
Une seconde évolution envisagée par le STIF est une réforme tarifaire globale, avec le passage à une tarification sous forme d’Unités de Transport (UT).
Ce système permettrait le paiement en fonction du trajet et avec la possibilité de différencier les tarifs en fonction des lignes empruntées, des périodes de l‘année et de la journée).
Pour les voyageurs occasionnels, une carte UT débitée au fur et à mesure des usages remplacerait les carnets de tickets, à l’image d’un porte-monnaie électronique.
Pour assurer ces évolutions, un nouveau système de gestion de la billettique va donc voir le jour. L’obsolescence du système actuel rend en tout état de cause une refonte complète inévitable.Ce nouveau système permettrait au STIF d’intégrer plus facilement les réformes tarifaires futures.
Sa mise en place suppose notamment :
– Le passage de l’ensemble des titres de transport sur des supports télébillettiques ;- La modernisation des valideurs existants et l’installation de nouveaux valideurs en sortie de station pour tout le réseau ferré (actuellement la validation en sortie n’existe que sur le RER) ;
– La modernisation et l’extension des distributeurs de titres et plus généralement du réseau de vente ;
– La réalisation d’un nouveau logiciel de gestion centralisé et sa connexion aux S.I. des différents transporteurs (qui devront eux-mêmes évoluer).
Le coût d’investissement global est estimé à 240 M€.Dans ce cadre, le STIF a la volonté d’exercer pleinement ses prérogatives de maîtrise d’ouvrage du S.I. billettique. Cependant, pour réaliser et exploiter ce futur système, il pourrait faire appel à la concurrence au lieu de travailler de façon privilégiée avec les opérateurs existants.
Les futurs contrats d’exploitation avec la RATP et la SNCF qui débuteront début 2016 pourraient ainsi ne pas comporter de volet « billettique », cette activité étant dans ce cas traitée dans le cadre d’un ou plusieurs contrats distincts passés après procédure d’appel d’offres.Les enjeuxLa perspective d’attribution du SI billettique par appel à la concurrence porte un danger réel de privatisation d’une activité où les deux opérateurs publics jouent aujourd’hui un rôle central. D’ores et déjà, le STIF a fait appel pour l’étude sur le passage à une tarification par UT à la société Accenture.
Cette société, de droit irlandais, est un mastodonte de 275000 salariés présent dans 120 pays et est le n°1 mondial des sociétés de service. Son PDG (qui est français) est aussi le président du Syntec, le patronat des bureaux d’étude.
Elle n’a aucune expérience d’exploitant de réseaux de transport. Pour l’heure, elle s’est positionnée sur ce dossier comme consultante du STIF, mais elle a clairement l’ambition d’occuper une place majeure dans la réalisation et l’exploitation du nouveau système.
Dans l’étude d’Accenture pour le STIF, il est ainsi indiqué : « A l’heure actuelle, les processus communautaires sont la responsabilité du GIE Comutitres, constitué par les transporteurs. De par ses fonctions, il semble donc être un candidat légitime pour opérer le futur système communautaire et mettre en oeuvre les processus métiers liés aux UT.
Or il n’est pas certain que le modèle actuel de statut et de gouvernance du GIE Comutitres soit le plus adapté à l’exploitation des activités communautaires relatives, notamment, aux Unités Transport. Des travaux d’organisation menés durant la phase d’avant-projet doivent permettre de définir avec les transporteurs une stratégie d’évolution de l’organisation à même de répondre aux enjeux de pilotage et d’exploitation d’un tel système.
Du côté de la RATP, la perspective d’un appel d’offres sert de prétexte de la RATP pour pousser sa stratégie consistant à affaiblir l’EPIC RATP en transférant dans des filiales les activités à haute valeur ajoutée. Ces filiales sont des sociétés de droit privé (donc privatisables) employant du personnel à des conditions moins favorables que l’EPIC.
Un des arguments employés est la volonté supposée du STIF de ne plus confier à l’EPIC RATP d’autres tâches que celles prévues dans le périmètre du contrat.Ainsi, la direction de la RATP justifie le transfert de la billettique à la filiale de « network management » Ixxi.
Au-delà de cette activité, c’est toute l’ingénierie qui pourrait rapidement quitter l’EPIC (après la billettique, l’information voyageurs est dans le collimateur).
On pourrait au bout du compte sur le (ou les) appel(s) d’offres envisagé(s) se retrouver dans la situation suivante : Chacune des deux entreprises publiques de transport présenterait sa candidature propre (en alliance ou pas avec une SSII) en compétition avec l’autre, et cela sans aucune certitude de l’emporter car d’autres sociétés de transport étrangères ou des sociétés de service comme Accenture pourraient être également candidates.
La position de la CGT-RATP répond à plusieurs objectifs :
– Un objectif d’efficacité du futur système ;
– Le rejet de toute forme de privatisation d’une activité qui relève pleinement du périmètre du Service Public de transport ;
– La coopération entre opérateurs de transport et entre eux et le STIF ;
– La défense de l’emploi public et de l’intégrité de l’entreprise publique.
L’efficacité veut que les opérateurs de transport ne soient pas exclus du système et qu’ils continuent au contraire à y occuper la place centrale. En effet, le futur SI billettique aura par définition des liens forts à travers le fonctionnement des équipements du réseau (valideurs) et avec les SI d’exploitation des réseaux de transport.
Confier la gestion du SI billettique à une société tierce ne peut qu’être préjudiciable au bon fonctionnement de l’ensemble en introduisant des divergences potentielles d’intérêts et donc des dysfonctionnements entre l’opérateur du réseau de transport et la société exploitant le système billettique.
Privilégier un opérateur contre les autres n’aurait pas non plus de sens et aboutirait au même type de problèmes.
C’est pourquoi nous proposons pour répondre au besoin du STIF une réponse commune à l’ensemble des opérateurs de transport franciliens à travers une structure commune. Cette structure existe déjà : c’est le GIE Comutitres qui doit élargir son champ de compétences à l’ensemble de la billettique sur les transports d’Ile-de-France.
Compte tenu des développements informatiques importants à envisager en cas de création d’un nouveau système billettique unifié, ce GIE pourrait intégrer une SSII française de taille compatible avec celle des autres composantes.
Dans ce cadre, l’activité billettique sera entièrement conservée au sein de l’EPIC pour ce qui concerne la RATP. D’ailleurs, la filialisation ne présente aucun avantage réel et affaiblit au contraire la position de la RATP en raison de la petite taille d’Ixxi (moins de 100 personnes).

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