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Déclaration CGT RATP lors de l’Agenda social 2016 du 4 février 2016

Les salariés sont attaqués de toute part.
Au nom d’un processus mondialisé, il n’y aurait plus d’autre perspective que d’accepter, que partout, les travailleurs soient jetés dans le feu d’une concurrence féroce où doivent être laminés les droits sociaux pour les tirer toujours vers le bas.
Alors que c’est d’urgence sociale dont nous avons besoin, la violence du verdict contre les syndicalistes de Goodyear Amiens vient comme une menace destinée au monde du travail, à leurs représentants syndicaux qui veulent défendre leurs droits, leurs emplois.
C’est la justice de notre pays qui est à montrer du doigt quand elle condamne les syndicalistes de Goodyear. Neuf mois de prison ferme et quinze mois avec sursis pour avoir voulu simplement obtenir du DRH et du directeur de la production la réouverture du dialogue social. Pour s’être battus contre une délocalisation qui a conduit à la suppression de 1143 emplois.
Deux ans après le plan de licenciement, seuls 120 salariés ont retrouvé un CDI et 12 décès dont 3 suicides sont à mettre au bilan de l’opération.
Qui va être condamné pour un tel crime ? Maurice Taylor, le PDG du groupe Titan ? Tout va bien pour lui, il a délocalisé et continue les affaires en Russie en insultant régulièrement la France et ses travailleurs.
Cette décision du parquet, dont ce dernier n’a pas pris en compte le retrait des plaintes déposées, est un choix politique répressif contre les droits et libertés des citoyens à se défendre dans leur travail avec les syndicats.
Ce sont les fondements mêmes de notre démocratie qui sont atteints lorsque les libertés syndicales sont attaquées avec une telle violence.
Alors, aux huit de Goodyear nous apportons notre solidarité comme notre participation aujourd’hui au rassemblement qui s’est déroulé à Paris.
Et nous serons également aux côtés de tous les syndicalistes dont le gouvernement tente de criminaliser l’action comme cela a également été le cas de nos camarades de la CGT énergie Paris ou d’Air France.
Même si ce n’est pas de prison ferme dont il s’agit, nous avons aussi à la RATP à traiter des sanctions qui se multiplient et se durcissent. C’est particulièrement le cas dans les secteurs de l’entreprise où la Direction, sous couvert des perspectives d’ouverture à la concurrence, tente « de mettre au pas » toute contestation sociale. Il en va ainsi dans la dernière période à BUS et à la Maintenance.
Sachez que la CGT-RATP prendra toutes les initiatives nécessaires pour y mettre un terme et ne se laissera pas intimider au regard des enjeux et des actions qui seront nécessaires face aux orientations en cours et à vos objectifs affichés.
Le discours ambiant qui tente de nous faire accepter la logique concurrentielle du moins disant social avec l’idée que le coût du travail serait trop élevé, que nous ne travaillons pas assez, que notre code du travail serait trop rigide et donc trop protecteur, que notre protection sociale serait trop généreuse…qui culpabilise le malade ou le chômeur, ce discours porte en lui-même ses limites.
C’est pourtant cette logique, en cours depuis de nombreuses années, qui a produit les résultats économiques que l’on sait et aux mêmes maux, les responsables en place et le patronat ont décidé d’appliquer les mêmes remèdes qui produiront les mêmes effets.
Pourtant, huit ans après l’épisode de 2008, nous sommes peut-être face au risque de l’explosion d’une nouvelle crise financière, tant la déconnexion entre la finance et l’économie réelle est de plus en plus profonde et conduit à des inégalités toujours plus grandes.
L’an passé, la France a été le pays européen où les actionnaires ont touché le plus de dividendes. Plus de 40 milliards d’euros. D’ailleurs les 10 % de français les plus riches ont accaparé 54 % de l’augmentation de richesses depuis 2000. L’argent existe, il est là. Mais il est détourné, privatisé, englouti par les intérêts privés des plus puissants.
Dans l’agenda social 2016 que vous nous présentez, tous les grands thèmes en débat y figurent.
Politique salariale, emploi, organisation de travail, statut de l’entreprise publique RATP… autant de thèmes cruciaux pour les agents qui doivent sortir des logiques en cours.
Ainsi sur les salaires, nous n’accepterons pas une nouvelle année à o%.
Nous n’acceptons pas une politique salariale qui consiste à développer les dispositifs d’individualisation des rémunérations, à privilégier les abondements d’entreprise à travers différents placements. Cette logique est particulièrement injuste socialement car elle ne bénéficie qu’à ceux qui peuvent y investir. Elle pénalise donc les plus bas salaires, elle pénalise également le financement de notre protection sociale, enfin elle tourne le dos à la relance de l’économie réelle par la consommation au bénéfice de la finance et des risques déjà évoqués précédemment.
Les agents n’acceptent plus le choix que vous faites sur les salaires notamment au regard de vos communications sur les résultats de l’entreprise. Chacun peut voir depuis plusieurs années des résultats nets autour de 300 millions d’euros. Et si chacun contribue à ces résultats tous n’en bénéficieront pas.
Il est grand temps de revaloriser la valeur du point, c’est la priorité en matière salariale.
Bien entendu, la question de l’emploi est au cœur des préoccupations de la CGT et des agents.
Il faut sortir de ce dogme de la productivité exercée depuis plusieurs années via des centaines de suppressions de postes.
Cette politique conduit à « faire plus avec moins », tout en recherchant une meilleure qualité de service… Cette équation est impossible et amène, inévitablement, à la dégradation des conditions de travail et à la remise en cause de certains objectifs contractualisés avec le STIF.
Dans le même temps, un certain nombre d’ambitions sont affichées avec pour but de répondre à un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Si on peut légitimement partager cette ambition, quels moyens seront mis en œuvre pour y parvenir ?
Conjuguer « performance sociale » et « performance économique » appelle à tourner le dos aux solutions qui n’en sont pas, telles la déréglementation des conditions de travail ou encore dans l’embauche à temps partiel qui précarise un peu plus l’emploi.
Tout au contraire, il faut engager une remise à niveau des effectifs statutaires à temps plein pour assurer un service public de qualité et la diminution du temps de travail pour « travailler tous » et « travailler mieux ».
Et si la question du temps de travail des séniors est mise à l’ordre du jour, comment ne pas rappeler l’injustice qui a consisté à rallonger les durées de carrières et le recul de l’âge donnant droit à pension, de même que la suppression des bonifications liées aux tableaux de retraite pour les embauchés depuis 2009 ?
Sur cette question, nous réaffirmons solennellement notre attachement au système de retraite solidaire par répartition à contrario des dispositifs de retraite par capitalisation injustes et sans garantie. Dispositif que vous voulez introduire dans notre entreprise.
De plus, comment ne pas évoquer la qualité du dialogue social dans l’entreprise ?
Nous insistons sur sa qualité. En effet, cette question ne peut se mesurer au seul prisme du décompte des réunions organisées mais plutôt à leurs contenus.
Ainsi, la négociation se transforme souvent en concertation quand ce n’est pas en simple information…
Les dossiers de réorganisations sont « tronçonnés » et les syndicats n’auraient plus légitimité à intervenir sur des enjeux aussi essentiels que l’organisation de travail ou le niveau de l’emploi et devraient se contenter de négocier des mesures dites « d’accompagnement » qui se réduisent quasi exclusivement au niveau de la prime.
Il y a donc urgence, là encore, à remettre du sens dans les termes du dialogue social.
Et ce d’autant plus qu’ici ou là ce sont encore des convocations à des audiences où l’on découvre des documents sur table ou projetés, sans que nous ayons eu le temps de la réflexion collective nécessaire. Donner les moyens et le temps pour la réflexion, c’est faire le pari d’un dialogue social de qualité, c’est aussi respecter ses interlocuteurs.
Et puis, la qualité du dialogue social c’est bien entendu éviter les conflits sociaux et répondre aux agents quand ils expriment massivement leur mécontentement et/ou leurs revendications comme ce fut le cas notamment lors de l’action de grève des agents d’encadrement à plus de 95% au CRIV, des actions engagées dans les différents secteurs de la maintenance et tout récemment en ce début de semaine, avec les agents de S2C en délégations de plusieurs centaines au siège de l’entreprise…
Autant de mobilisations qui expriment un mécontentement, un déficit d’écoute et un encadrement mis en difficulté quand il subit les choix de la politique d’entreprise et qu’il doit, de surcroît, les mettre en œuvre. C’est, pour eux, la double peine.
Voilà, en quelques mots, l’analyse de la situation sociale et l’état d’esprit dans lequel se trouve notre syndicat.
Nous attendons beaucoup d’un changement de cap de votre politique sociale et nous ne manquerons pas d’intervenir plus en détail lors de la présentation fiche par fiche des chantiers que vous prévoyez d’engager cette année.
Merci de votre attention.

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