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Lettre ouverte au 1er ministre : travailleurs

wb_A20AB54A3BD6484E80894C46B633F20DMonsieur le Premier Ministre, depuis 2006, et plus particulièrement depuis 2008 et 2009, des milliers de travailleurs-euses sans papiers ont, avec l’aide de leurs organisations syndicales et d’importantes associations, participé et organisé de puissants mouvements de grève coordonnés afin d’obtenir le seul document qui leur manque pour être conformes à ce qu’elles et ils sont – des salariés et salariées comme les autres – à savoir un titre de travail et de séjour.
Nous, organisations syndicales et associations, les connaissons bien, qui les avons soutenus et vus pendant des mois s’engager avec détermination dans le combat pour la justice et la reconnaissance sociale. Nous qui les voyons au quotidien prendre leurs responsabilités personnelles et collectives, apportant aux uns et aux autres leur solidarité, alors qu’eux-mêmes supportent toutes les avanies qui sont le lot de celles et ceux qui sont contraints de vivre et de travailler dans cette situation de non-dit, de non-droit.
Et pourtant, elles et ils ne prennent le travail de personne, elles et ils prennent le travail dont personne ne veut aux conditions qui, bien généralement, ont cours dans ces secteurs dits « non-délocalisables ». Ils assurent le fonctionnement de pans entiers de secteurs économiques de notre pays : dans le bâtiment, les travaux publics, la manutention, la logistique, le nettoyage, la restauration, les services aux particuliers, et même dans la sécurité…
Dans cette lutte, faite de grèves, de manifestations, de temps médiatiques et qui, comme vous le savez, a perduré tout au long du quinquennat de N.Sarkozy, nous avons obligé les différents gouvernements de droite à négocier avec les organisations syndicales des critères nationaux de régularisation pour l’ensemble des travailleurs-euses sans papiers. Malheureusement, dans leur mise en oeuvre, ces avancées durement conquises se sont heurtées et se heurtent encore trop souvent au pouvoir discrétionnaire des préfets.
Il s’agit dans le cas présent de régler, non pas une question de « gestion de flux migratoires », mais simplement la reconnaissance de travailleurs-euses qui vivent et travaillent ici, règlent leurs cotisations sociales et leurs impôts (quand leurs employeurs ne les en empêchent pas) et qui participent, dans des conditions difficiles, à la création de richesses pour l’économie de notre pays.
Dernièrement, le combat de ces salariés a été rejoint – dans le refus de la discrimination et de l’exclusion sur des bases de nationalité – par les étudiants étrangers légitimement en lutte contre « la circulaire du 31 mai ». Cette circulaire dite « Guéant » a encore renforcé la prégnance du Ministère de l’Intérieur, pour dire qui est bon étudiant ou pas, qui, jeune diplômé, peut prétendre à une première expérience professionnelle ou pas. Et d’une manière générale, qui peut travailler ou étudier dans notre pays ou pas. Il faut ajouter à cela, les augmentations des taxes lors des dépôts de dossiers, et les demandes de justification de ressources insoutenables pour les étudiants.
Avec l’engagement économique, social et collectif de ces salariés et étudiants, l’image, encore véhiculée par certains dans le débat présidentiel, de l’étranger travailleur ou étudiant « venu profiter de notre généreux système social », ne correspond absolument plus à la réalité que perçoit l’opinion publique. Pour nos compatriotes, elles et ils sont devenu(e)s des femmes et des hommes qui dans l’adversité travaillent, étudient, vivent et agissent dans la dignité. En somme, l’image d’une France du courage et qui se lève très tôt pour ce faire.
Nous voulons enfin insister sur le fait que ces discriminations, que rien ne justifie, sont économiquement et socialement graves de conséquences et humainement inacceptables.
Au moment où vous prenez des fonctions que nous savons lourdes, nous pensons qu’il est urgent de combattre dans les faits la politique discriminatoire, tant décriée, des gouvernements précédents. La plateforme « Pour la régularisation des travailleurs-euses sans papiers et l’égalité de traitement entre Français(es) et Etranger(e)s dans les études comme au travail » en est l’un des moyens.
C’est pour vous la présenter, Monsieur le Premier Ministre, que nous avons l’honneur de vous demander d’en recevoir les signataires.
Dans cette attente, nous vous prions d’accepter, Monsieur le Premier Ministre, nos respectueuses salutations.

Pour la CGT, Bernard THIBAULT, secrétaire général.
Pour la FSU, Bernadette GROISON, secrétaire générale.
Pour l’UNEF, Emmanuel ZEMMOUR, président.
Pour Autremonde, Mathieu GODART, président.
Pour La Cimade, Patrick PEUGEOT, président.
Pour le « Collectif du 31 mai », Fatma CHOUAIEB, porte-parole.
Pour Femmes Egalité, Ana AZARIA, présidente.
Pour la JOC, Stéphane HAAR, président.
Pour la LDH, Pierre TARTAKOWSKY, président.
Pour le MRAP, Bernadette HETIER pour la présidence collégiale.
Pour RESF, Florimond GUIMARD, militant RESF poursuivi pour ses activités.
Pour SOS Racisme, Dominique SOPO, président.

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