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RATP : des bons résultats pour qui ?

wb_56C99D49BF5246E9A05AD66DD325A48APour l’actionnaire ou l’administrateur lambda, les comptes arrêtés par la RATP pour la dernière année du contrat STIF 2008 2011 sont bons, même très bons, on peut même dire exceptionnels compte tenu du contexte économique.Le résultat bien supérieur aux prévisions atteint un niveau historique, Le tout au profit d’une Capacité d’Auto Financement (+24 %) permettant d’assurer le niveau d’investissement record demandé à l’entreprise, tout en limitant le recours massif à l’endettement qui tutoie toutefois le seuil des 5 milliards d’euros fin 2011.
Les référents comptables comme le ROCE, jusqu’alors insuffisants, atteignent même des taux conformes aux critères de la profession et à ce que l’entreprise espérait, peut être pas aussi rapidement d’ailleurs.
Il faut cependant noter que, si le chiffre d’affaires des filiales progresse fortement (essentiellement en raison de nouvelles acquisitions), leur rentabilité a quant à elle été réduite de moitié si l’on ne tient compte que des seuls effets récurrents. Le pourcentage des filiales dans le résultat global baisse et c’est bien l’activité de l’EPIC qui assure à plus de 95 % le résultat net du groupe et explique la forte progression de celui-ci.
Tout naturellement, au-delà de l’aspect comptable et purement économique, l’administrateur salarié, dans une entreprise qui veut inscrire la responsabilité sociale au fronton de ses valeurs, dans une entreprise qui affiche dans son code éthique l’humain comme une valeur fondamentale de la réussite, a une grille d’analyse et de lecture plus étendue qui intègre des critères sociaux et mesure l’interaction entre la politique menée pour atteindre ces bons résultats et ses conséquences sur les salariés.
Or que constatons nous ?
Cette politique a entraîné la destruction de 685 postes en 2011 et 2876 postes sur l’ensemble du contrat 2007/2011. Malgré un absentéisme maladie de loin le plus bas de toute la profession, voire d’une grande majorité d’entreprises, ces suppressions entraînent une tension sur les effectifs et nous mettent en incapacité, notamment à l’exploitation et plus particulièrement au département BUS, d’assurer aujourd’hui le service de référence sans pénalités.
Les Négociations Annuelles Obligatoires sur les salaires se concluent depuis trois ans par des mesures unilatérales instaurant de fait une modération salariale injustifiée au regard des résultats. L’entreprise ne cherche même plus, par le dialogue social à contractualiser sur ce chapitre pourtant primordial pour la cohésion de l’entreprise.
L’évolution de la MSPA 2011 de 1,8% est la plus faible jamais enregistrée depuis qu’un contrat lie l’entreprise et le STIF, à corréler bien sûr avec une inflation à + 2,1% et un indice salaires du transport à +2%.
L’unique augmentation, en 2011, de la valeur du point de 0,5% au 01 juillet entraîne pour bon nombre d’agents, pour la deuxième année consécutive une perte nette de pouvoir d’achat. Ils se voient ainsi bien mal récompensés de leur engagement pour le service public et de leurs efforts qui ont abouti aux bons résultats de l’entreprise.
Cette politique d’austérité salariale n’est cependant pas partagée par tous. Il ressort des comptes sociaux, page 163, que la somme des 10 rémunérations les plus élevées de l’entreprise a encore augmenté de 7,2% cette année. Cette pratique creuse les inégalités et accentue le sentiment d’injustice.
Par ailleurs, l’entreprise a touché au titre de l’indice d’actualisation du STIF, qui intègre déjà 0,5 % de productivité contractuelle, 90 millions d’euros, dont environ 48 sont directement liés à l’évolution de l’indice salaires des transports.
Corrigé des éléments non récurrents (8 millions) et de la productivité sur l’effectif moyen payé (26 millions), un rapide calcul démontre que l’entreprise ne consacre que 11 millions de ce montant à l’augmentation des dépenses de personnel et détourne à d’autres fins environ 10 millions d’euros de cette somme que le STIF lui verse pourtant à ce titre.
Pour accentuer le niveau du résultat et de la CAF, la masse salariale stagne et devient ainsi la principale variable d’ajustement dans les comptes où la rentabilité et l’approche purement économique et comptable ont pris le pas sur une politique qui avait su jusque là lier l’économique et le social.
Dans une entreprise comme la RATP cette politique n’a pas d’avenir. Dans l’entreprise publique RATP, le progrès social porté par les administrateurs salariés et les organisations syndicales profite aussi à l’entreprise dans une logique gagnant/gagnant.
En l’espèce c’est plutôt du gagnant/perdant car les orientations prises par l’entreprise et son modèle économique laissent peu de place à la valorisation de son Capital Humain. Le devenir de notre modèle social suscite des inquiétudes et nous interroge. Vous comprendrez donc, que face à ces incertitudes, nous ne pouvons apporter notre caution.
L’ensemble des administrateurs salariés émettra donc un vote négatif sur les délibérations concernant les comptes sociaux et consolidés 2011.

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