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Sortir de l’austérité : la RATP doit faire d'autres choix !

wb_8AA3F34A75704F879C4F1C5E0DD848D6« 2012 : nouvelle année de croissance rentable pour le groupe RATP » : c’est sous ce titre que la direction a communiqué sur les comptes de l’an dernier.
Le chiffre de 286 M€ de résultat net appelle pourtant quelques commentaires qui douchent l’enthousiasme officiel.
D’abord parce que c’est l’emploi qui a payé le prix de la politique de productivité et de marge :
• 705 emplois ont été supprimés en 2012, soit 105 de plus que les 600 prévus au budget.
• En net, l’effectif de l’EPIC RATP a diminué de 224 unités l’an dernier et a été ramené sous le niveau de 2004, malgré un accroissement de l’offre considérable depuis cette date.
Tout cela n’est pas sans impact sur la qualité de service. Le bonus tiré du contrat STIF a baissé de 14,6 M€ et les pénalités ont augmenté de 3,6 M€. Certes, le nouveau contrat est plus exigeant que le précédent, mais il faut aussi constater que la RATP a (et aura) de plus en plus de mal à atteindre les objectifs de qualité de service qui lui ont été fixés. En effet, la gestion des effectifs à flux tendu à l’exploitation et les suppressions d’emplois à la maintenance et dans les départements de soutien ont désormais un impact direct sur la production.
« Le service au cœur de la stratégie du groupe » nous dit-on, mais le raisonnement comptable prime aujourd’hui clairement sur le souci de la qualité. D’un côté 37 M€ rapportés par les suppressions d’emplois, de l’autre 18 M€ de moins en bonus-malus : l’arbitrage est vite fait …
Cette évolution pose une question de fond : celle du rôle que l’on assigne aux entreprises publiques comme la nôtre.
Alors que le gouvernement ne cesse d’affirmer que « l’emploi est la priorité des priorités », comment justifier que là où c’est l’Etat propriétaire qui a la main, il en supprime au lieu d’en créer ?
Dans sa lettre de mission datée de décembre, le Ministre Cuvillier parle de « l’amélioration des transports au quotidien » comme là encore « la première des priorités ». Comment concilier cet objectif proclamé avec une logique où on sacrifie délibérément la qualité de service sur l’autel de la rentabilité ?
Il en va de même sur la question des salaires : La RATP a dégagé en 2012 38 M€ de cash-flow libre (c’est-à-dire ce qui reste après avoir payé tout ce qui est contractualisé avec le STIF, soit l’argent de poche de la RATP). Avec cet argent, elle pourrait augmenter les salaires de façon significative. Ce n’est pas le choix qui a été fait puisque la seule mesure générale prévue pour 2013 est une augmentation royale de 0,5% au 1er juillet … là encore en application manifeste d’une consigne de modération salariale venue de Bercy.
La RATP – comme tout le secteur public – est ainsi devenue le bras armé des politiques d’austérité. Et c’est plutôt de « performance anti-sociale » qu’il conviendrait de parler.
Un petit calcul instructif …
• Partons du résultat net RATP pour 2012 : 286 M€.
• Si on n’avait pas supprimé 705 emplois, on aurait diminué ce chiffre de 37 M€.
• Si on avait augmenté les salaires de 2%, on l’aurait encore diminué de 48 M€ (cotisations patronales comprises).
• Donc on aurait eu un résultat net supérieur à 200 M€. (et cela sans même comptabiliser les bonus du contrat qui auraient été meilleurs).
• Cela correspond à une rentabilité (ROCE) de 5,3%, soit un chiffre très supérieur à toutes les autres entreprises du secteur !

Sortir de l’austérité : YES WE CAN !

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