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19.05.2017 Déclaration CGT-RATP

Logo CREEmmanuel Macron vient d’être élu président de la République. Chacun connaît les conditions qui ont conduit à ce résultat au 1er tour et de façon plus évidente au 2nd tour.
Les enquêtes d’opinion à la sortie des urnes comme le taux record d’abstention et de votes blancs ou nuls confirment que cette élection n’est pas un plébiscite à un programme. Pourtant, c’est à ce tour de passe-passe que se livre le Président de la République et son entourage. La nouveauté ne peut se résumer dans l’âge du capitaine ou en essayant de brouiller les cartes sur l’échiquier politique français.
La nomination du Premier ministre est symbolique du sens donné à l’action du gouvernement.
Maintenant, c’est la casse du code du travail et de la protection sociale qu’Emmanuel Macron compte imposer, à coup d’ordonnances, sous l’injonction de Pierre Gattaz, pendant la période estivale.
Cette méthode ne répond en rien aux attentes, aux besoins, aux aspirations des salariés et du pays. Elle est le moyen de tenter de contourner le débat et de désamorcer les mobilisations.
Il n’y a ni urgence, ni efficacité à poursuivre une politique de déréglementation du « marché du travail » qui, à l’image du bilan du quinquennat sortant, génère chômage, précarité, explosion des inégalités.
Partout en Europe, ces politiques d’austérité donnent les mêmes résultats et alimentent la montée de l’extrême droite.
Le recyclage des vieilles recettes libérales n’est nullement un signe de modernisme. Ce sont les enseignements que chacune et chacun peut tirer des mobilisations contre la loi travail en 2016. Une loi à laquelle 70% de l’opinion publique et une majorité de syndicats se sont opposés mais qui fut adoptée par un 49-3 à l’assemblée nationale.
La CGT demande l’ouverture d’une négociation sociale résolument tournée vers le XXIème siècle portant notamment sur :

  • la réduction du temps de travail à 32 heures et l’augmentation des salaires et des pensions de retraite ;
  • le renforcement du droit d’expression des salariés et d’intervention de leurs représentants ;
  • l’amnistie pour les militants syndicaux et le respect des libertés syndicales ;
  • le renforcement des conventions collectives et le rétablissement de la hiérarchie des normes et du principe de faveur.

Nous sommes conscients que, face aux objectifs du Président de la République et du gouvernement avec le soutien du Medef, une mobilisation du monde du travail, des privés d’emplois, de la jeunesse et des retraités est indispensable. La CGT entend bien y travailler très rapidement dans un cadre syndical le plus unitaire possible.
Parmi les évènements de ces derniers jours, l’un revêt un caractère bien particulier. Nommée le 21 mai 2015 PDG de la RATP, Mme Borne aura effectué l’un des mandats les plus courts à la tête de l’entreprise publique. Elle quitte ses responsabilités à l’heure où la RATP doit faire face à des enjeux cruciaux pour les agents et l’avenir du service public.
Pour notre Organisation Syndicale, son action à la RATP aura notamment été traversée par des dossiers sociétaux tels ceux de la laïcité, de la sécurité, de l’égalité professionnelle et de la transition énergétique.
Pour autant, c’est aussi durant sa présidence que les salariés ont eu à subir d’importants plans de productivité et ont vu leur point d’indice salarial ne pas évoluer… C’est aussi elle qui a renforcé la dimension
« Groupe RATP » en privilégiant le développement des filiales de droit privé au détriment de l’EPIC-RATP.
A l’heure où la concurrence se met en œuvre sur les nouvelles lignes, la RATP anticipe la mise en concurrence de son réseau historique. Un changement de PDG est un signe supplémentaire d’instabilité, un élément de fragilisation et d’incertitude pour l’avenir.
Au fait des enjeux de transport dans les domaines environnementaux, économiques et sociaux, la nouvelle ministre devra mener son action avec le sens de l’intérêt collectif. Celui-ci se fonde sur le renforcement des services publics et la réorientation des politiques nationales et européennes pour qui le transport n’est qu’un marché financier à conquérir.
Dans ce contexte et au vu de ces enjeux, la CGT-RATP sera extrêmement vigilante quant aux décisions qui seront prises par la ministre ainsi qu’aux arbitrages gouvernementaux.
Pour commencer, un dossier brulant nous intéresse particulièrement. Le projet de la direction qui prévoit la suppression de 68 postes à la CCAS sur 140 et l’externalisation des remboursements maladie, de l’accueil physique et téléphonique, conduisant à la destruction, à terme de notre régime spécial.
Ce lundi 15 mai devait se tenir à Lachambeaudie, une réunion entre la direction et les Organisations Syndicales représentatives sur le dossier de réduction des coûts de gestion du risque maladie de la CCAS.
Une importante délégation à l’appel de la CGT, de salariés de la CCAS, en grève pour nombre d’entre eux, d’agents de tous les secteurs de l’entreprise et de retraités s’est invitée à la réunion pour exiger le retrait du projet.
Après diverses prises de parole, l’ensemble des Organisations Syndicales représentatives a décidé de quitter la réunion. Elles demandent l’organisation de négociation au plus haut niveau de l’entreprise car en effet ce projet de réduction des coûts ne peut être l’affaire de la seule directrice de la caisse et sur des bases de destructions de postes.
Autre dossier en cours, la question du T9 est, pour la CGT-RATP, toujours un dossier prioritaire. A plusieurs reprises dans cette instance nous avons interpellé la direction pour qu’elle rappelle au STIF que sa volonté d’exiger une structure dédiée pour concourir à l’appel d’offre et en obtenir l’exploitation, est de nature à disqualifier l’EPIC RATP. Alors même qu’il n’y pas de création de ligne, c’est le tracé du 183, seul le mode change, le gré à gré est donc la règle en vigueur.
Ne soyez pas complice de cette casse établie de la RATP, entreprise publique de service public. Le dumping social est un fléau car il ne met en concurrence les entreprises entre elles mais les salariés entre eux. Ce pari fou que vous faites de laisser faire est irresponsable. Montrez votre volonté à défendre et à porter un EPIC solide, fier de ses milliers d’agents qui œuvrent chaque jour pour  transporter en toute sécurité des millions de voyageurs. Sans ce message envoyé, vous avouez non pas votre faiblesse mais un dogmatisme dont la privatisation des entreprises publiques serait le cap que l’on ne se détourne jamais.
Enfin, monsieur le président, il y a comme une culture managériale détestable qui s’ancre dans l’entreprise et qui a pour manie de faire la chasse aux militants syndicaux. Il y a quelques semaines, nous avons été destinataire d’un document interne. Une notice en direction des managers à l’exploitation qui seraient face à des arrêts de travail partiels parmi les opérateurs couvert par  un préavis de grève. Le plus grave, c’est que ce document ne se contente pas d’offrir une méthode pour assurer la continuité de service. Il apporte des outils pour « identifier les meneurs ». C’est exactement le terme qui est utilisé entre autre dans le document. Avouez que ça commence à faire beaucoup pour une entreprise qui se vente d’être citoyenne. Quand une entreprise cherche en permanence à identifier et stigmatiser des individus engagés dans l’intérêt collectif de leur communauté de travail, cela montre à quel niveau le dialogue social est porté dans certains départements et unités.
Le dialogue social trouve ainsi ses limites dans l’obsession de la rentabilité qui finit par être aveugle et brutale. Drôle de modernité !

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