CAIRPs Transversales

27.11.2015 Attentats du 13 novembre 2015 (Déclaration commune CGT et Sud)

Logo CANous tenons d’abord à témoigner notre soutien et notre solidarité à l’ensemble des familles touchées par la tragédie du vendredi 13 novembre.
Nous tenons également à saluer la mobilisation extraordinaire de l’ensemble des agents des services et des entreprises publiques qui ont su démontrer, dans des circonstances extrêmement difficiles, tout leur sens du service public.
Ces attentats, perpétrés sur des lieux de culture et de vie, frappent et concernent chacune et chacun d’entre nous, toutes les populations de toute religion, origine ou nationalité et particulièrement la jeunesse.
Un agent de la RATP y a laissé la vie.
Au-delà, ces événements amènent à nous interroger, une fois de plus après les attentats de janvier 2015, sur la façon dont les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité sont effectivement mises en œuvre et particulièrement dans notre entreprise.
La volonté de certains médias et forces politiques de présenter la RATP comme un repère de djihadistes ne correspond évidemment pas à la réalité, et il est important de rectifier la vérité en la matière. Mais il ne faut pas tomber dans le travers opposé qui consisterait à nier un certain nombre d’évolutions préoccupantes dans l’entreprise ces dernières années. Des évolutions qu’il convient certes de relativiser, mais qu’il ne faut pas sous-estimer. On observe ainsi des tentatives de remise en cause du principe de laïcité, tant au niveau des relations de travail entre collègues que de l’organisation du service lui-même. De même, nous voyons se banaliser des propos et comportements racistes, sexistes et discriminatoires, ainsi que leur corollaire, à savoir l’apparition de logiques communautaires sur des bases ethniques ou religieuses qui tendent çà et là à se substituer au vivre ensemble dans l’entreprise.
Bien sûr, ces dérives touchent toute la société et la RATP, qui avec 44000 agents est le deuxième employeur de la Région, ne saurait être épargnée. Mais nous avons collectivement la responsabilité d’agir pour combattre ces phénomènes à notre échelle. C’est d’autant plus nécessaire qu’en tant qu’entreprise publique exerçant une mission de Service public, nous avons un devoir d’exemplarité en la matière.
L’édition d’un guide de la laïcité a été une initiative dans ce sens. Cependant, il nous faut constater qu’elle n’a pas suffi à enrayer la tendance générale. L’observatoire social, qui a été relégué au 4ème niveau de l’organigramme du département GIS, avait toute sa pertinence pour mesurer les évolutions dans l’entreprise, sensibiliser la direction générale sur les problématiques rencontrées et proposer des solutions à mettre en œuvre pour y remédier. De même que le délégué à la déontologie, fonction qui avait disparu au moment du départ en retraite de son titulaire. La création récente d’une délégation générale à l’éthique est une bonne chose pour traiter les questions sensibles comme la laïcité, mais également la lutte contre le racisme, l’homophobie et toute forme de discrimination, mais nous pensons qu’il serait également opportun de remettre sur pied un véritable observatoire social directement rattaché à la Présidence et en charge du suivi de sujets comme l’égalité professionnelle hommes-femmes et la conflictualité sociale.
La RATP peut et doit agir.
Notre responsabilité concerne en premier lieu les procédures de recrutement. Les valeurs de service public ont en effet complètement disparu des processus d’embauche depuis plusieurs années, créant ainsi les conditions de problèmes multiples dans la gestion au quotidien d’un nombre non négligeable de jeunes agents. Or, nous ne sommes pas une entreprise comme les autres, nous sommes une entreprise publique et chargée d’une mission de Service public. L’attachement à celui-ci, et notamment au principe d’égalité des droits qui en constitue le cœur, la bonne compréhension et l’acceptation des sujétions que cela implique, doivent redevenir des critères de sélection de nos personnels.
Nous devons également combattre dans l’entreprise les comportements incompatibles avec ces valeurs. Il faut multiplier les initiatives de sensibilisation en interne avec un encadrement ayant reçu des consignes claires, notamment à l’égard des velléités d’introduire des pratiques religieuses de quelque nature que ce soit dans les locaux de l’entreprise ou d’en faire un argument opposable aux contraintes du Service public. La forte réduction du taux d’encadrement ces dernières années dans certains secteurs est à ce sujet un handicap à corriger. Il faudra également prendre des mesures vis-à-vis des salariés de sous-traitants exerçant des activités dans nos locaux. En externe, en engageant des initiatives institutionnelles à l’image de la campagne réalisée il y a quelques années sur le respect et avec la Fondation qui a un rôle évident à jouer à ce titre.
Enfin, dans le cadre de la nécessaire réévaluation de la politique étrangère de notre pays, il est indispensable de mener une réflexion sur l’engagement du groupe RATP avec certaines pétromonarchies qui ont quelques accointances coupables et dont Daech est un effet miroir. On ne peut pas mener une « guerre » contre l’un tout en serrant la main des autres.
La RATP avec ses agents s’est engagée dans une continuité du Service public dans un contexte où le terrorisme cherche à créer le chaos. Les missions de l’entreprise doivent pouvoir être assurées en toute sécurité pour les voyageurs et les salariés (nous sommes demandeurs d’un retour d’expérience de la gestion de l’exploitation sur les réseaux ce vendredi 13 novembre).
Dans ce sens, on ne saurait prendre à la légère la situation d’urgence décrétée par le chef de l’Etat et prolongée par le Parlement. Un état d’urgence nécessite des mesures d’urgence. Cela implique notamment pour nous le respect de la procédure de traitement des colis suspects et un soutien des agents stations, gares et de l’encadrement notamment par les équipes de SCC. Si l’on considère que la sécurité est l’impératif absolu du moment, les décisions qui relèvent de l’entreprise doivent être en adéquation avec ce principe. De ce point de vue, la reprise de l’activité de contrôle des titres au détriment de la sécurisation des espaces par les équipes de SCC dès la fin des trois jours de deuil national est incompréhensible et doit être corrigée au plus vite.
Pour terminer j’aimerai aussi évoquer les rescapés de cette tuerie qui doivent s’interroger « pourquoi mes amis, mon voisin et pas moi » ? Cette question ne les quittera sans doute jamais.
Dans un éditorial, j’ai pu lire : « On a beau ne jamais être indifférent à la misère du monde, même lointaine, c’est autre chose quand on sent le souffle des assassins. Quand ces jeunes sont les nôtres, nos amis, nos enfants, dans ce quartier qui respire la liberté. Saura-t-on un jour si les tueurs ont spécialement voulu viser cette population pour sa jeunesse, sa tolérance, son plaisir du vivre ensemble – un meurtre sociologique en somme – ou si c’est le hasard ? Quoi qu’il en soit, ce peuple bigarré a manifesté à sa manière son esprit de résistance. Dimanche ils sont venus très nombreux se recueillir sur les lieux des crimes. »

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