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Charonne : n'oublions jamais !

wb_27A04FC3B83144C48BC8B446F9EC0A16Le 8 février 1962, des dizaines de milliers de personnes étaient venues clamer leur foi dans les valeurs de la démocratie, leur exigence de voir s’instaurer rapidement la paix, d’obtenir la mise à la raison de tous ceux qui s’y opposaient par la violence et par le crime.
51 ans après, le message de Charonne a conservé toute son actualité. Il y a 51 ans jour pour jour, 9 camarades de la CGT et dont 8 étaient aussi membres du Parti Communiste Français, ont perdu la vie, des centaines d’autres manifestants ont été gravement blessés par la violence policière alors qu’ils défendaient la paix, la justice, la démocratie.
Ce 8 février 1962, plusieurs dizaines de milliers de salariés, d’étudiants, de citoyens manifestaient contre l’OAS, cette organisation d’extrême droite fascisante qui avait su capter l’angoisse ou la rancœur d’une partie de la population d’Algérie, de nationalité française et qui pratiquait une politique de terre brûlée et d’assassinats ciblés qu’elle avait décidé d’étendre au territoire de la France métropolitaine.
Ce 8 février 1962, l’appel à la manifestation émanait, pour notre Organisation Syndicale, de l’Union départementale de la CGT (dont l’appel valait pour un appel de la Confédération tout entière). De nombreuses autres Organisations syndicales, mouvement de jeunesse et partis politiques ont aussi appelé à cette initiative, d’autres si sont associés. Tous proclamaient leur volonté à faire échec au fascisme et à instaurer la paix en Algérie.
Cette manifestation intervenait en réaction après une série d’attentats perpétrés la veille, l’un d’eux destiné à frapper André Malraux, ministre de la culture s’était traduit par de graves blessures infligées à Delphine Renard, qui la rendront aveugle définitivement.
Ce 8 février 1962, la police a réprimé avec une violence inouïe la manifestation alors même que les allocutions ont lieu et que les cortèges commencent à se disloquer, elle charge sans sommation les manifestants.
Des centaines de blessés, 9 manifestants ne se relèveront jamais, ils trouveront la mort dans l’escalier de cette station de métro Charonne où sont venus s’entasser de nombreux manifestants qui cherchent vainement à fuir ou à se protéger et sur lesquels les policiers n’hésitent pas à projeter des grilles en fonte.
Ce 8 février 1962 a aussi éclairé d’une façon tragique le rôle déterminant joué dans ces événements par Maurice Papon, Préfet de police de Paris, après ses méfaits historiques au service du régime du Maréchal Pétain. Ce même Papon qui était félicité par Michel Debré lui témoignant sa confiance et son admiration, lui rendant un hommage vibrant pour ses qualités de chef et pour avoir exécuté sa mission délicate et difficile…
Dans les jours qui ont suivi, l’une des plus importantes manifestations de la seconde moitié du siècle avec plusieurs centaines de milliers de personnes, peut-être un million, se rassemble le mardi 13 février aux obsèques des victimes au cimetière du Père-Lachaise.
Un mois après ce drame, le 19 mars 1962, l’accord de cessez-le-feu était signé à Evian et le 1er juillet 1962, l’Algérie retrouvait son indépendance.
Charonne est devenu le symbole de l’honneur de ceux qui sont morts et de ceux qui vivent animés par l’espoir de la démocratie, de la tolérance et de la paix. Ce symbole, pour qu’il reste ancré dans la mémoire collective, doit être quotidiennement rappelé, c’est ce qui a permis, à l’inauguration en 2007 de la place du 8 février 1962 et, nous venons d’en avoir la confirmation ce matin même, à la demande de l’ensemble des organisations syndicales, partis politiques et associations, que soit apposé un ajout à la dénomination de la station «Charonne » par l’adjonction de la mention « place du 8 février 1962 ». C’est une reconnaissance supplémentaire qui permettra aussi de faire vivre dans la mémoire collective cette triste date.
– Daniel Fery,
– Anne-Claude Godeau,
– Jean-Pierre Bernard,
– Fanny Dewerpe,
– Susanne Martorell,
– Maurice Pochard,
– Edouard Lemarchand,
– Raymond Wiltgens,
– Hyppolite Pina.
À vous, les martyrs de Charonne, dont les assassins lâches et serviles ont commis un crime d’État et qui pourtant ne seront jamais jugés. Seule l’histoire vivante les a déjà jugés, nous en témoignons aujourd’hui et pour demain.

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