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Il y a 54 ans, le 8 février 62 sera commis un crime d’état jamais jugé !

8 février 2016
Station Charonne (L9) intervention de Jacques ELIEZ au nom de la CGT RATP

Merci à chacun (e) d’entre vous d’avoir répondu présent à cette commémoration, merci aux différentes associations, partis politiques, aux membres des familles, à la Mairie de Paris, à la Direction de la RATP, à la CGT et à ses militants.

Nous voici réunis, 54 ans après jour pour jour, afin de rendre hommage à nos 9 Camarades tombés ici même, assassinés dans un déchaînement de haine inhumaine par la police aux ordres du préfet, Maurice Papon.

Des assassinats qui n’ont jamais été jugés et un crime d’état jamais reconnu alors qu’il n’a été rendu possible que grâce à « l’état d’urgence » décrété en 1961 par le premier ministre de l’époque Michel Debré.

54 ans après, c’est le même Etat Français, mais de couleur politique différente, qui place la France en « état d’urgence » et va même jusqu’à prévoir sa constitutionnalisation.

Nos Camarades sont tombés et aujourd’hui, d’autres camarades sont les victimes, sous d’autres formes mais dans une violence similaire, d’une répression syndicale féroce et de la criminalisation de leur action.

Il en est ainsi de ceux qui à Air France ou à Goodyear, tentent de combattre des directions d’entreprises voyous et soutenus par un gouvernement complice qui, indiscutablement, a choisi son camp.

Ces syndicalistes, on tente de les faire passer pour des criminels et cela afin de mettre sous silence la violence sociale que subissent quotidiennement des millions de travailleurs.

Oui, chers amis et Camarades, honorer la mémoire de ceux qui sont tombés ici il y a 54 ans, ce n’est pas « simplement » les pleurer, mais c’est faire écho à leur combat par nos actions d’aujourd’hui pour un monde juste et de paix.

Les attentats de janvier 2015 à Paris nous rappellent, de la manière la plus barbare qui soit, la réalité du combat pour des valeurs que certains considèrent comme intangibles et qui, en réalité, est un combat quotidien, c’est le combat pour la liberté d’expression, le combat pour la laïcité, le combat pour les valeurs de la République qui doivent vivre, irriguer toute notre société et être gravées dans les esprits.

Les attentats de janvier 2015 ne sont pas un crime d’état contrairement au massacre de Charonne ce 8 février 1962. Pourtant, les victimes ont cela de commun qu’elles œuvraient toutes à la défense de la liberté, liberté pour le peuple algérien, liberté pour la démocratie, liberté pour le droit d’expression.

Le 8 février 1962, ce sont plusieurs dizaines de milliers de salariés, d’étudiants, de citoyens qui manifestaient contre l’OAS, cette organisation d’extrême droite qui avait su capter, comme le fait aujourd’hui le Front National, l’angoisse ou la rancœur d’une partie de la population.

Cette manifestation intervenait en réaction après une série d’attentats perpétrés la veille, l’un d’eux destiné à frapper André Malraux, Ministre de la culture, s’était traduit par de graves blessures infligées à Delphine Renard, la rendant aveugle définitivement.

9 camarades de la CGT, dont 8 étaient aussi membres du PCF, ont perdu la vie… Ils trouveront la mort, ici même, dans l’escalier de cette station de métro Charonne où sont venus s’entasser de nombreux manifestants qui cherchent vainement à fuir ou à se protéger et sur lesquels les policiers n’hésitent pas à projeter des grilles en fonte. Des centaines d’autres manifestants ont été gravement blessés.

Le mardi 13 février 1962, les obsèques au cimetière du Père-Lachaise ont provoqué l’une des plus importantes manifestations de la seconde moitié du vingtième siècle, avec plusieurs centaines de milliers de personnes, peut-être un million, se rassemblant dans le cortège funèbre.

Le 19 mars 1962, un accord de cessez-le-feu était signé à Evian et le 1er juillet, l’Algérie retrouvait son indépendance.

Charonne est depuis devenu le symbole de l’honneur de ceux qui sont morts et de ceux qui vivent animés par le combat pour la démocratie, la tolérance et la paix.

  • Jean-Pierre Bernard,
  • Fanny Dewerpe,
  • Daniel Fery,
  • Anne-Claude Godeau,
  • Edouard Lemarchand,
  • Susanne Martorell,
  • Hyppolite Pina,
  • Maurice Pochard,
  • Raymond Wintgens.

À vous, les martyrs de Charonne, dont les assassins lâches et serviles ont commis un crime d’État et qui pourtant ne seront jamais jugés. Seule l’histoire vivante les a déjà jugés, nous en témoignons aujourd’hui et pour demain.

Je vous invite maintenant, en leur mémoire, à observer une minute de silence.

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