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Intervention de Jacques Eliez, secrétaire général de la CGT-RATP lors de la mobilisation du 6 juin au siège de la RATP

wb_649DF0C2C5D944FEA5FFB544EEB895AANous voici de nouveau réunis aujourd’hui, ce 6 juin 2013. Aujourd’hui, nous débarquons au siège de la RATP pour porter, une nouvelle fois, nos revendications en matière de salaire et notre exigence à stopper les suppressions de postes, à réorienter la politique d’entreprise afin que la bonne réalisation de nos missions de service public redevienne la priorité et non plus cette recherche stupide et néfaste pour notre avenir, de gains de productivité.
Concernant les salaires, déjà, le 26 février dernier, à l’occasion des NAO, nous étions là !
Ce 26 février, à l’appel de la CGT, de SUD et de l’UNSA, nous avons porté avec force nos revendications salariales et notre aspiration à toujours mieux vivre du fruit de notre travail.
La proposition de la RATP, en termes d’augmentation des salaires (de la valeur du point) est une véritable provocation ! 0,5% au 1er juillet … cela représente environ 0,25% en masse car nous ne bénéficierons de cette mesure que sur les paie de juillet, août, etc… jusqu’en décembre. Rien pour les 6 premiers mois … des miettes pour les autres !
On nous parle de respect … où est le respect dans cette mesure ?
On nous parle de faire de des efforts quand une entreprise va mal … certains syndicats croient à ce discours patronal … mais, les finances de la RATP se portent bien … où sont les retours pour les agents en termes de salaires ?
On nous dit que l’économie est en berne, que la France est en récession économique. Sans augmentation de salaires, comment pourrions-nous consommer plus ? Comment pourrions-nous soutenir et relancer la croissance ? Pour les salariés, c’est toujours des efforts qu’il nous faut consentir … quant aux directions d’entreprises et aux actionnaires, ils se gavent !
Cette « injustice sociale et salariale », la CGT-RATP l’a portée, le 4 avril dernier, ici même, au siège de l’entreprise. Plusieurs centaines d’agents ont exprimé leur mécontentement.
Nous avons interpellé la direction générale qui s’était engagée à nous apporter des réponses … rien ! Pas un mot ! Pas de changement de politique … la Direction de la RATP, aux ordres sans doute d’un ministère du budget qui exige l’austérité, ne répond pas à notre aspiration pourtant légitime de mieux vivre du fruit de notre travail.
Les salaires à la RATP, c’est un véritable scandale et nous avons raison d’agir de nouveau aujourd’hui avec notre mobilisation.
La CGT-RATP, SUD et l’UNSA, dans des formes de mobilisation différentes, portent cette même constatation en termes d’exigence salariale. Où sont les autres syndicats ?
Demandez à leurs représentants dans votre établissement demain. Sans doute sont-ils d’accord avec la politique sociale et salariale de la direction ? alors, faîtes le savoir !
Ou alors, ils ne croient pas en leur capacité à faire changer les choses … il faudra que les salariés s’en souviennent à l’heure du choix lors des élections professionnelles : la différence qui existe entre les syndicats qui se résignent et ceux qui, chacun à sa manière, portent les revendications au-delà des tracts, dans la mobilisation et la grève !
Concernant la politique de l’emploi, c’est là aussi un véritable scandale qui se passe à la RATP.
La situation de l’emploi en France place notre pays dans le peloton de tête européen des pays les plus touchés par le chômage. Chaque jour, ce sont plus de 1200 salariés qui perdent leur emploi, chaque semaine, ce sont des entreprises qui ferment ou qui se délocalisent.
Au prétexte d’une crise, dont nous ne sommes en rien responsables, nous, les salariés, avons à subir les conséquences d’une récession économique violente.
Est-il besoin de le rappeler ? : chaque salarié qui perd son emploi c’est autant de prestations sociales qu’a à assumer la collectivité, c’est autant de perte de pouvoir d’achat, de manque de financement de notre protection sociale et notamment des retraites, c’est aussi des impacts très négatifs en termes économique, rendant illusoire la relance économique par la consommation.
La RATP n’est pas étrangère à ce qui se passe au plan national dans le domaine de l’emploi. La direction vient d’annoncer l’embauche de plus de 2000 agents pour 2012. Cette annonce peut contenter les plus naïfs, mais en ce qui nous concerne, nous ne sommes pas dupes de la situation, l’embauche de 2000 personnes ne compense pas les départs.
De plus, en 2012 (les chiffres sont maintenant officiels), c’est 705 qui ont été supprimés à la RATP.
Le PDG Mongin avait demandé à chacun de ses directeurs de mettre en place des mesures de productivité, il avait été budgété, pour 2012, un objectif de suppressions de 600 postes. Aujourd’hui, force est donc de constater qu’au travers les réorganisations qui ont eu lieu dans chaque secteur de l’entreprise, l’objectif insupportable de supprimer 600 postes a été dépassé à plus de 18%
Chacun d’entre vous le sait parce que chacun d’entre vous le vit, il ne manque pas d’idées pour nous faire travailler toujours plus et pour nous faire gagner toujours moins !
Pas un secteur de l’entreprise n’a été épargné :
A la maintenance, ce sont des réorganisations en boucle ; à peine a-t-on fini une réorganisation qu’une autre s’engage. Aucun bilan des réorganisations passées. Qu’importe en fait, ce qui compte, ce sont les résultats en termes économiques, tant pis pour la qualité du service public, tant pis pour la qualité de la maintenance, voire, demain, pour la sécurité de nos matériels, des infrastructures et donc, des agents comme des usagers. Les suppressions de postes à la maintenance vont jusqu’à remettre en cause notre capacité à assumer une maintenance de qualité, nos missions de service public. Dans chaque secteur de la maintenance, nous avons à faire face à des attaques violentes, ce qui se joue actuellement sur le site des ateliers centraux de Championnet en est un exemple.
A Bus, c’est la question de l’intensification du temps de travail, c’est cette volonté à tenter de culpabiliser les machinistes qui ne conduiraient pas assez, c’est la gestion à la minute du temps de travail, c’est en réalité une gestion à « la petite semaine » considérant que seul le temps de travail passé derrière le volant compte, c’est une vision à la fois stupide, caricaturale et dangereuse de ce qu’est en réalité le métier de machiniste-receveur.
Au niveau des agents des gares c’est ce projet devenu une réalité insupportable qui a remis en cause les modes d’organisation du travail, entraînant des dégradations significatives en termes de conditions de vie et de travail. Alors que les usagers veulent plus de présence humaine sur le réseau, alors qu’une majorité d’élus se dit favorable à une réhumanisation des réseaux, alors que tout le monde convient que la qualité de notre service public passe par la qualité d’accueil, de conseils et d’orientation en tous lieux du réseau, aujourd’hui encore, malgré les revendications portées, la direction refuse de mettre en œuvre ce qu’elle a pourtant consenti, dans le cadre de la mobilisation puissante des agents, à l’appel notamment de la CGT.
A la conduite, le manque d’effectif devient le prétexte pour la direction, à la mise en œuvre d’un avenant qui n’a que pour but de déréglementer, dégrader les conditions de travail, opposer les agents entre eux, afin de répondre aux contraintes du contrat STIF, notamment au RER. C’est pour cela que lundi dernier, à l’appel de plusieurs organisations syndicales, les agents se sont mobilisés à l’occasion d’une intersyndicale qui, du coup, a duré jusque tard dans la nuit. Sur cette question aussi, la mobilisation se poursuivra.
Au niveau des agents d’encadrement, la politique de productivité touche de plein fouet le niveau des effectifs. L’encadrement et particulièrement l’encadrement intermédiaire devient, dans bon nombre de secteurs de l’entreprise, une des variables d’ajustement pour l’atteinte des objectifs économiques. Les techniciens, les agents de maîtrise, les cadres se retrouvent entre « le marteau et l’enclume », entre une politique d’entreprise qu’ils ne partagent pas, une politique d’entreprise qui tourne le dos au sens du service public et cette obligation qui leur est faite de mettre en œuvre des dispositions qui fragilisent notre service public, son avenir, notre avenir !
Au niveau des retraités, c’est la mise en œuvre d’une politique au plan national qui néglige le niveau des pensions, c’est la remise en cause des acquis sociaux, c’est la tentative de culpabilisation de nos anciens, ceux-là même qui ont fait et construit la grande entreprise publique qu’est aujourd’hui la RATP.
Des camarades reprendront la parole derrière moi et préciseront les dossiers qui les touchent, chacun pourra constater que si les symptômes sont différents d’un secteur à l’autre, notre maladie est la même : c’est la recherche effrénée de gains de productivité et de performance économique !
Dans ce cadre, la question même de la RATP en tant qu’entreprise publique est posée, notre action d’aujourd’hui porte aussi l’exigence d’assurer un avenir à notre entreprise publique nationale de service public qu’est la RATP.
Enfin et j’en terminerai là, chacun a bien entendu que le Président de la République convoque un sommet social les 20 et 21 juin prochain. A son ordre du jour, il sera notamment question d’une nouvelle réforme des retraites qui devrait s’engager dès septembre 2013.
Ne croyez pas les discours qui tenteront de vous expliquer que les régimes spéciaux ne seraient pas concernés. On nous a déjà fait le coup en 2003 et nous avons vu ce que cela a donné en 2007 à la RATP.
Ne croyez pas ceux qui tenteront de vous faire croire que la remise en cause des acquis est un mal nécessaire ! Ce qui se joue, c’est notre modèle social, c’est une vision de la société qui privilégie l’humain à la finance.
C’est une question sociétale qui appelle à la vigilance et appellera demain à la mobilisation sociale et, pour cela, nous comptons sur vous, comme vous pourrez toujours compter sur la CGT !
Merci de votre attention.

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