CCAS Déclaration de la CGT-RATP
CA du 26 septembre 2025
Mesdames et messieurs les administratrices et administrateurs
Madame la Présidente,
Madame la Directrice
Force est de constater que les politiques gouvernementales et patronales ont pour ambition de nous enfermer dans la logique dogmatique de la politique de l’offre et de la théorie du ruissellement.
S’il était encore nécessaire de démontrer que cette dernière est une chimère onéreuse, il suffit de regarder quelques éléments contextuels qui ont été rendus publics dans la même temporalité que la conférence de presse de l’ancien Premier Ministre François BAYROU.
D’une part, l’INSEE a publié les derniers chiffres concernant le niveau de vie et de pauvreté en 2023. Il ressort que le nombre de personnes occupant un logement ordinaire en France métropolitaine a augmenté pour atteindre 9,8 millions de personnes soit 15,4 % de la population (soit une augmentation de 1,4 million de personnes en 20 ans). D’autre part, un rapport parlementaire pointait que, pour la seule année 2023, au travers de quelques 2 200 dispositifs, les entreprises ont bénéficié d’environ 211 Milliards d’€ d’aides publiques sans conditionnement ni contrôle. Savez-vous que lorsque l’on paye 100 € d’impôts, (TVA comprise), 47 € alimentent ces aides publiques dont une grande partie est servie en festin aux actionnaires. Notre colère est donc doublement légitime.
Il faut à cela ajouter dans le débat que la banque suisse UBS précise dans son rapport mondial sur le patrimoine que, pour l’année 2023, il a été recensé au sein de l’hexagone 2 868 031 d’adultes ayant une fortune supérieure à 1 million de dollars, soit 47.000 de plus qu’en 2022. En 2024, ce chiffre progresse de 20 000 personnes.
Cette situation abjecte n’a pas pour autant découragé ni le Gouvernement ni le patronat de nous présenter, au travers des propos de l’ancien Premier Ministre François BAYROU, la facture de la politique non pas de l’offre mais de l’offrande. La nouvelle litanie de mauvais coups portés au monde du travail, aux retraité.e.s et à la jeunesse s’inscrit dans cette démarche de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance et, plus particulièrement, le modèle social. Ainsi, toutes les réformes qui se sont succédé depuis près de 40 ans n’ont jamais eu pour finalité d’améliorer la situation mais bien de démanteler progressivement et méthodiquement les conquis sociaux issus notamment de la mise en œuvre du programme des « jours heureux » du Conseil National de la Résistance.
Pour la CGT, il convient de rappeler que, dans la mesure où les richesses produites sont créées à partir de la force de travail de chaque individu, il est normal que cette dernière soit pleinement rémunérée. Les cotisations sociales sont partie intégrante de la rémunération. Car oui, le salaire est bien composé du salaire net et des différentes cotisations sociales et patronales qui financent la sécurité sociale. De fait, tous les dispositifs d’allègement, largement utilisés depuis 1993, réduisent les ressources de notre modèle de protection sociale et affaiblissent ce dernier.
Comme il convient aussi de ne pas oublier dans ce débat que, certes le travail crée des richesses, mais il peut aussi, malheureusement, générer des troubles psychiques et physiques de façon temporaire ou définitive. Pire même, il peut aussi donner la mort. Tout cela résulte d’une dégradation des conditions de travail et de vie au travail, de l’application d’un management anxiogène voire harceleur, d’un débordement de la vie professionnelle sur la vie privée, de la perte de sens du travail.
En 2024, la France a enregistré 789 décès liés à des accidents du travail, soit environ 2 par jour. Par ailleurs, plus de 560 000 accidents du travail ont été déclarés, dont plus de 38 000 graves. Dans un cas sur deux, après des contrôles, suite à un accident, aucune mesure n’a été prise par les entreprises.
Bref, l’absence de politiques préventives concrètes, toujours au nom de la sacro-sainte compétitivité des entreprises, conduit à des catastrophes humaines et il ne faudrait pas oser revendiquer que les employeurs supportent le financement des soins visant à guérir ou amoindrir les maux générés par ces politiques managériales soumises aux injonctions financières !
Non seulement l’austérité ne fera qu’aggraver la situation économique et sociale mais elle favorisera la propagation des idées d’extrême-droite. Or, le parti de la Haine n’a jamais été et ne sera jamais du côté du monde du travail. Il suffit pour cela de recenser ses votes sur la hausse du SMIC, l’égalité salariale…
C’est pour cela que la CGT appelle les travailleuses et les travailleurs à se mobiliser pour gagner l’enterrement du futur projet de budget présenté par Sébastien Lecornu, et la mise en place de mesures d’urgence autour de 5 priorités :
- La justice fiscale par la taxation des patrimoines, des dividendes et des rachats d’action, la remise à plat des 211 Mds d’aides publiques aux entreprises, le rétablissement de l’ISF et la mise en place d’une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu.
- La justice sociale par l’abrogation de la contreréforme des retraites, première étape pour gagner la retraite à 60 ans et une sécurité sociale répondant aux besoins.
- Le financement de nos Services publics, de l’argent pour nos hôpitaux, nos écoles, nos universités, nos infrastructures et notre politique culturelle.
- L’augmentation des salaires, des pensions, des minimas sociaux, l’égalité F/H et des mesures contre la vie chère dans les Outre-mer.
- La réindustrialisation, la transformation environnementale de notre économie et l’arrêt des licenciements.
Chacune de ces revendications concerne l’EPIC RATP et les agents notamment sur la prise en charge et la sécurité des usagers dans le cadre de la réalisation de notre mission de Service public. Ce sont aussi des garanties d’avenir pour nos emplois, pour l’amélioration de nos conditions de travail et de vie ainsi que pour pouvoir profiter d’une retraite en bonne santé !
À la RATP, les agents n’ont pas attendu le rapport sénatorial pour tirer le signal d’alarme d’une politique qui met à mal l’entreprise publique de Service public. Les principaux résultats du 1er baromètre « Engagement Groupe » font ressortir notamment que, pour les agents, il convient de « Revenir aux fondamentaux du Service public, quitte à remettre en question la mise en concurrence… » dans la mesure où « La RATP est une entreprise de Service public donc incompatible avec les objectifs de productivité et de mise en concurrence ». Les agents ont aussi exprimé la nécessité de « Redonner du sens à nos métiers… ».
Difficile donc de mettre sous le tapis le caractère anxiogène du contexte en raison de la dégradation des conditions de travail, de vie au travail, le licenciement des agents de RDS de l’EPIC, sans oublier la perte de sens du travail.
Souvenons-nous qu’il en est ressorti clairement que ces situations sont mal vécues dans la mesure où les données recueillies pointent clairement que « Les changements d’organisations, perçus comme nombreux et rapides, semblent subis plutôt que salués » compte tenu du peu de stabilité dans l’organisation (Siège, BU, Directions) … , les agents en appellent à « Arrêter toutes ces réorganisations trop rapides. La précédente n’est pas stabilisée que l’on passe à la suivante ».
Comme à la tête de l’État, c’est un vrai changement d’orientation qu’il convient d’orchestrer au risque de mettre l’entreprise publique dans l’incapacité de réaliser sa mission.
D’ailleurs, contrairement à ce que disent les dirigeants de l’entreprise, lancés à vive allure sans garde-fous, nous sommes face à une menace d’un éclatement généralisé de l’entreprise publique au service des intérêts financiers dont le levier de croissance n’est pas l’innovation mais le dumping social. Nous en avons déjà fait le triste constat avec les réponses aux appels d’offre des lots de BUS. La variable d’ajustement est celle basée sur les coûts des rémunérations et les conditions de travail.
En cette année 2025, nous célébrons le 80ème anniversaire de la sécurité sociale.
La mise en place d’un régime général de couverture sociale qui non seulement mutualise une part importante de la valeur produite par le travail, mais qui en confie aussi la gestion aux travailleurs eux-mêmes a été menée par Ambroise CROIZAT, ancien Secrétaire Général de la fédération des métallurgistes CGT. Celui qui sera appelé comme le « Ministre des Travailleurs » s’inscrit dans la mise en œuvre du programme du Conseil de la Résistance.
Le besoin de sécurité sociale est une très ancienne préoccupation populaire. La protection contre les aléas de la vie, la solidarité étaient toujours assurées par la famille ou les communautés villageoises. La religion jouera aussi un rôle à travers l’assistance et la charité. Cela a donc abouti à la première loi du 9 avril 1898 sur les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail.
À la fin des années 20, apparaissent les premières lois relatives aux assurances sociales. Cependant ces dernières instituent un plafond de ressources pour y avoir droit et sont financées par capitalisation.
Le Conseil National de la Résistance crée le 29 mai 1943, adopte à l’unanimité son programme des « Jours Heureux » le 15 mai 1944. Ses principes sont la solidarité et la protection sociale. Ainsi, l’ambition est la mise en œuvre d’un « plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail […] »
Ce projet couvre l’ensemble de la population, pas seulement les salarié.e.s ou telle ou telle catégorie de population. Le socle sur lequel notre sécurité sociale est bâtie est la protection et la sécurité des travailleuses et des travailleurs, pour qu’elles et ils puissent vivre enfin dignement de leur naissance à leur mort, sans craindre d’être contraint.e.s du jour au lendemain à la mendicité. La dignité est en effet l’un des mots qui revient fortement dans les discours et dans les textes. C’est également un système construit sur la base de l’égalité : la cotisation est calculée à partir du même pourcentage sur le salaire et surtout, quelle que soit la cotisation versée, chacun.e recevra les mêmes soins nécessaires au maintien de sa santé. C’est un système solidaire dans la mesure où les cotisations versées sont mises au fur et à mesure dans un pot commun qui est disponible lorsque nécessaire pour soigner les malades. Soit pour faire plaisir a mon camarade C. Voisin… « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ».
En 1944, la libération progressive du territoire révèle une France meurtrie, rationné et appauvrie. Le pays subit de graves pénuries alimentaires et des restrictions importantes. À titre d’exemple, chaque personne n’a le droit qu’à 500 grammes de sucre par mois et 160 grammes de viandes par semaine. La mortalité infantile dépasse 100 pour 1000 dans certaines régions.
Dans le même temps, il faut tout reconstruire et un effort considérable est demandé aux salarié.e.s.
Dans la mesure où les richesses produites sont créées à partir de la force de travail de chaque individu, il est normal que cette dernière soit pleinement rémunérée. Les cotisations sociales sont partie intégrante de la rémunération. Car oui le salaire est bien composé du salaire net et des différentes cotisations sociales et patronales qui financent la sécurité sociale. De fait, tous les dispositifs d’allègement largement utilisés depuis 1993 réduisent les ressources de la sécu. Ces derniers s’inscrivent pleinement dans l’élaboration d’un modèle de société. Rappelez-vous les écrits de Denis KESSLER, ancien Vice président du MEDEF, qui dans un article publié le 04 octobre 2007 vantant le programme ambitieux du gouvernement Fillon précisait : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ».
Cela fait bientôt 90 ans, le patronat français tente par tous les moyens de prendre sa revanche suite à l’humiliation des accords de Matignon signés en 1936 puis le contenu du programme du CNR qui souhaite faire largement contribuer les entreprises et le capital notamment en raison de la collaboration avec l’occupant nazi et le régime de Vichy.
Je les entends déjà tous ces thuriféraires du capital nous expliquer qu’il faut vivre avec son temps, que la guerre est terminée depuis des années etc, etc…Pour autant le patronat français ne semble pas avoir tiré le moindre enseignement de l’histoire. Non seulement il contribue activement à ce que soit mené une politique d’austérité au nom de la pseudo compétitivité des entreprises pour ne pas en réalité évoquer la profitabilité du capital. De plus, il préfère s’accoquiner avec le parti de la Haine, quel que soit son nom, et ses satellites, dans la mesure où les fachos n’ont jamais été fâchés avec le capital !
Enfin et surtout, il ne faut pas oublier dans ce débat que certes le travail créé des richesses mais il génère aussi des troubles psychiques et physiques de façon temporaire ou définitive. Pire même, il peut donner la mort. Tout cela résulte d’une dégradation des conditions de travail et de vie au travail, de l’application d’un management anxiogène voir harceleur, d’un débordement de la vie professionnelle sur la vie privée notamment avec le déploiement des nouvelles technologies et le recours à un télétravail souvent mal encadré. Bref, l’absence réelle de politiques préventives concrètes toujours au nom de la sacro-sainte compétitivité des entreprises conduit à des catastrophes humaines et il ne faudrait pas oser revendiquer que les employeurs supportent le financement des soins visant à guérir ou amoindrir les maux générés par leur politique managériale.
810 personnes sont mortes au travail en 2024, sans compter les indépendants et les fonctionnaires. Dans un cas sur deux, après des contrôles suite à un accident, aucune mesure n’a été prise par les entreprises.
En 2024, la France a enregistré 789 décès liés à des accidents du travail, soit environ deux par jour. Par ailleurs, plus de 560 000 accidents du travail ont été déclarés, dont plus de 38 000 graves.
Qui sont celles et ceux qui ne connaissent pas le monde de l’entreprise ? Les salarié.e.s et leurs organisations syndicales ou un Président de la République qui explique, pour défendre la réforme des retraites, pas « adorer » le terme de « pénibilité », « parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible ».
Derrière ce qui s’apparente à un simple débat comptable se profile en réalité la question primordiale du choix de société dans lequel nous souhaitons toutes et tous vivre.
Alors au risque d’enfoncer une porte ouverte, mesdames, messieurs les administratrices et administrateurs, pour la CGT c’est la sécu c’est VITAL !