8 MARS 2013 : SALAIRES, TEMPS PARTIEL, PRÉCARITÉ
Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, est l’occasion de faire le point de ce qui a avancé dans notre pays, alors que la donne politique a changé et que la crise sociale s’accentue.
Les chercheurs ont constaté que même dans les milieux du travail très féminisés, tels que les services, les inégalités sont aussi importantes entre les femmes et les hommes, voire plus importantes ! Une étude de l’Insee de 2010 montre que même les femmes qui n’ont pas eu d’enfants ont des salaires et des carrières inférieurs à ceux des hommes, mais les écarts se creusent avec le nombre d’enfants : il y a toujours un « soupçon » sur les femmes qui seraient ou pourraient être des mères non disponibles pour l’entreprise !
En outre, aucun employeur (ou presque) ne respecte le principe de « salaire égal pour un travail de valeur égale » : les femmes sont cantonnées dans des emplois non reconnus, non valorisés socialement et financièrement, alors que ces métiers sont les piliers de la société d’aujourd’hui et de demain. Plus souvent à temps partiel, en CDD, au chômage, les femmes paient le prix fort de la précarité, du faible niveau de salaire et des carrières discontinues quand vient le moment de prendre la retraite. Les pensions de retraite des femmes sont le reflet des inégalités salariales subies tout au long de l’activité.
Les femmes sont donc les plus pénalisées par les réformes successives des retraites. Seul, 43 % d’entre elles accomplissent l’exploit de valider 40 ans de carrière, elles partent plus tard à la retraite pour pouvoir toucher une retraite à taux plein, qui pour beaucoup d’entre elles se limite au minimum contributif (677 euros) !
Le gouvernement Sarkozy, n’a pas respecté ses promesses de supprimer les écarts de salaires entre les femmes et les hommes, comme le prévoyait la loi de mars 2006. Pire il a reculé ! La loi sur les retraites de 2010, en assouplissant la législation en faveur des employeurs et en reculant l’âge de départ et l’augmentation des années de cotisations dès le 1er janvier 2011, aggrave ces inégalités.
De nouvelles négociations vont s’ouvrir, ou sont en cours, sur la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle, sur l’indemnisation du chômage et sur les retraites.
La CGT va continuer à y porter ses exigences sur l’égalité professionnelle, elle revendique l’obligation aux employeurs et à l’état de négocier l’égalité professionnelle sur les rémunérations, la reconnaissance des qualifications, le recrutement, la formation, les promotions. Ces négociations doivent aboutir à la suppression des écarts sur l’ensemble des éléments de rémunération, le passage des temps partiels imposés à des contrats à temps plein.
En matière de retraite, la CGT revendique d’avoir le droit à une retraite pour toutes et tous les salariés dès 60 ans, avec un minimum de 75% de salaire de référence et aucune pension inférieure au SMIC pour une carrière complète…
Reconnaissons que depuis juin 2012 et le changement de gouvernement, quelques avancées sont à noter : Une nouvelle loi contre le harcèlement sexuel, les engagements pris par le comité interministériel pour combattre le sexisme et les préjugés sexistes, un nouveau décret sur l’égalité professionnelle paru le 18 décembre 2012 imposant une négociation sur les rémunérations, et un protocole d’accord sur l’égalité professionnelle dans la Fonction publique.
Alors pourquoi infliger à l’ensemble des salariés un accord sur l’emploi aussi destructeur ?
D’après ce même gouvernement et les organisations signataires (Medef, CGPME, UPA, CFDT, CFE-CGC et CFTC), l’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 serait une avancée pour les femmes…
Attention, c’est un piège ! Certaines dispositions du projet de loi découlant de l’accord national interprofessionnel sur la « sécurité de l’emploi » vont impacter fortement les salariées à temps partiel, qui non seulement ne gagnent rien ou si peu dans ce texte, mais se trouveront encore plus fragilisées. Mais aussi, c’est plus de latitudes aux entreprises pour licencier, plus de flexibilité au détriment des salariés, les femmes comme les hommes seront concernés. Parce qu’elles sont plus nombreuses dans les emplois précaires et à temps partiel, les femmes seront encore plus touchées.
Contrairement à ce que dit le gouvernement, la modulation du temps de travail est accentuée par de nouvelles dispositions dont l’impact sur la vie privée est extrêmement lourd, en désaccord même avec les textes européens…
Il est aussi caractérisé par des formes d’emploi précaires et d’horaires atypiques, décalés, morcelés, en complète contradiction avec une articulation vie professionnelle / vie personnelle. Il est aussi massivement mal rémunéré : les femmes représentent 80 % des très bas salaires, à temps partiel dans 74 % des cas, avec des ressources inférieures à 800 euros par mois. Et dans bien des cas, le niveau de pension de retraite ne fera que creuser les écarts.
Pour la CGT, il est impossible de régresser de telle manière, la loi sur l’emploi ne peut pas reprendre cet accord tel quel !
Tout projet de loi doit faire l’objet « d’une étude d’impact sur le genre », nous exigeons que ce principe, introduit par la Ministre des droits des femmes, soit appliqué maintenant !
Dès le 5 mars dans le cadre de la journée nationale d’action lancée par la CGT et FO à laquelle se joignent de plus en plus d’organisations syndicales et associations, les femmes ont toutes les raisons de se mobiliser.
L’accord sur l’emploi du 11 janvier 2013 est un véritable piège pour les femmes !
Faisons du 05 mars, une journée d’action et de grève, et participons massivement à la manifestation régionale, de Place du Chatelet à Assemblée Nationale à 14 h !