DES PRIMES POUR INVISIBILISER LES ACCIDENTS DE TRAVAIL !
QUAND RATP-INFRAS VERSE DANS L’INDIGNITÉ …
Le 5 février dernier, la Direction de RATP-lnfras a adressé à l’ensemble de ses agents un courriel intitulé « STOP aux accidents de travail ». Nous reproduisons en page 3 l’intégralité de ce message. Il y est question de poursuivre le mouvement de réduction du nombre d’accidents de travail en fixant pour 2025 un objectif de 24 accidents maximum sur l’ensemble de RATP-lnfras, soit une division par trois par rapport à 2024 (rien de moins).
A ce stade, comment ne pas être d’accord avec un objectif qui viserait à préserver La santé des salarié·es, une prérogative qui incombe à l’employeur (article L4121-1 du Code du travail)?
Mais, passé la définition de cet objectif, rien ne tient dans la suite du courriel.
Les agents sont Les victimes des accidents de travail et non Les responsables
La Direction explique que le nombre d’accidents du travail constatés « est une aberration pour les professionnels que nous sommes » mais n’expose pas les raisons de cette situation et n’avance aucune mesure nouvelle dans le champ de la prévention. Pour la Direction, l’amélioration reposerait uniquement sur la vigilance et la bienveillance mutuelle des agents. Comprendre : s’il y a des accidents de travail, c’est la responsabilité des agents eux-mêmes. A aucun moment, L’organisation et Les procédures de travail, qui sont La prérogative exclusive de L’employeur, ne sont mises en cause. Pourtant, pour ne prendre que cet exemple, quand le g décembre dernier, des agents sont victimes d’accidents de travail parce qu’ils ont dû réparer une caténaire allongée sur le toit d’un RER A stationnant sous tunnel, ce n’est pas l’imprudence des salariés qui est en cause mais bien une commande inadaptée.
Puisque l’évidence semble échapper à l’entendement de la Direction de RATP-1, énonçons-la ! Non, Les salarié·es ne provoquent pas Leurs propres accidents du travail pour Le « plaisir » d’en être Les victimes. C’est indigne et irresponsable de Le suggérer.
Lutter contre Les accidents de travail au bénéfice des salarié·es ou des finances de La Direction ?
La supposée bienveillance de la Direction à prétendre lutter contre les accidents de travail ne fait pas long feu. Passé l’intitulé du message, il devient parfaitement explicite que l’objectif ne porte pas sur les accidents de travail en général mais seulement sur les accidents de travail avec arrêt (ATAA).
Les agents peuvent bien se blesser par imprudence, par hasard ou du fait de conditions de travail dangereuses, peu importe du moment qu’ils ne s’arrêtent pas. Là, cela devient sordide.
Des primes collectives si Les accidents de travail avec arrêt baissent quel qu’en soit le moyen ?
Résumons ! À conditions de travail inchangées, et si l’on admet que les agents ne provoquent pas eux-mêmes lesdits accidents, alors toute baisse des
accidents de travail, a fortiori d’un facteur 3, serait soit Le fruit d’un extraordinaire hasard soit Le résultat d’une non-déclaration des accidents de travail (ou alors de déclarations sans arrêt de travail). La Direction sait pertinemment tout cela. C’est pourquoi, elle instaure un mécanisme de primes collectives dont le montant sera fonction du nombre total de déclarations d’accidents de travail avec arrêt : 500€ pour tous si le nombre d’ATAA reste en deçà de 24, 300€ pour tous si le nombre d’ATAA reste entre 24 et 35 et 0€ au delà Et pour bien motiver tout le monde, la Direction communiquera chaque mois l’état du compteur.
Les collègues qui déclareront Le 24e et Le 36e accident de travail avec arrêt seront responsables de L’amputation de La prime collective et seront Livrés à La vindicte populaire. Brillant dispositif que celui qui, sous couvert de bonnes intentions, surfe sur les passions tristes…
Le chantier C1 du nouveau Plan d’entreprise 2025-2030 entend « Renforcer notre culture de sécurité pour diminuer drastiquement les accidents du travail». La culture de la sécurité, nous savons désormais ce que cela signifie pour la Direction. Soyons clairs, La Direction entend par ce mécanisme de primes exceptionnelles acheter La non-déclaration des accidents de travail. C’est abject !
L’employeur qui manque à son obligation de déclaration d’un accident du travail s’expose à des poursuites de l’organisme de sécurité sociale et à une contravention. Que risque un employeur qui achète La non-déclaration par Le salarié victime d’un accident de travail?
Dialogue social, vous avez dit dialogue social?
Le croirez-vous, les représentants du personnel, élu-es du CSE et délégué-es syndicaux ont découvert tout cela comme vous, avec le message du Directeur. Aucune concertation des représentants de personnel n’a été engagée avant cette annonce (pas même une information). Quelle conception plus minimaliste du dialogue pourrait-on imaginer? Naguère, la RATP affirmait faire du dialogue social le moteur du changement.
Nous, travailleurs et travailleuses de la RATP, ne provoquons pas les accidents dont nous sommes les victimes. C’est à l’employeur d’engager toutes les mesures de prévention pour minimiser les risques et nous devons pouvoir déclarer les accidents de travail quand ils surviennent.
La santé n’est pas à vendre !
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