RER B : vrais problèmes et fausses solutions
Le 18 juin 2012, nos organisations syndicales ont, à leur demande, rencontré le conseiller social du Ministère des transports et puis les Présidents de la SNCF et de la RATP, réunis ensemble.
Les directions de la RATP et de la SNCF ont réaffirmé leur souhait de créer rapidement une structure juridique de type GIE ou GIP pour la gestion de la ligne B du RER, anticipant en ce sens un rapport d’enquête parlementaire relatif au fonctionnement du Réseau Express Régional.
Nos organisations syndicales ont rappelé avoir été interpellées par cet empressement à créer cette nouvelle structure juridique de gestion qui ne serait ni SNCF ni RATP et dont les personnels ne dépendraient plus de la RATP ou de la SNCF, et cela sans qu’à aucun moment on ait pris la peine d’identifier précisément d’où viennent les dysfonctionnements, leur nature, leur causes : impact matériel, impact infrastructures ,saturation du réseau, problèmes d’effectifs, d’organisation des roulements …
On notera aussi que, sur les 30 propositions formulées par la Commission d’Enquête Parlementaire, dont certaines rejoignent des revendications de longue date par les OS, il est uniquement donné priorité à la réforme de la gouvernance du système.
La création d’un Groupement d’intérêt Public préconisé par la commission d’ enquête, n’est qu’une opération de communication n’ayant aucun impact sur les dysfonctionnements subis aux quotidien par les usagers !
D’ailleurs, nous avons vu deux présidents à la peine pour justifier la création de cette nouvelle entité, déclarant « qu’elle ne règlera pas les problèmes liés à l’exploitation (infrastructures, matériel), la finalité étant de « se limiter à un pilotage de la ponctualité et à l’information voyageurs».
En quoi une structure juridique de type GIE ou GIP apparaitrait-il comme une solution crédible, capable d’améliorer le fonctionnement du RER B, alors même que la mise en commun – au travers d’un Commandement Unique ligne B (CUB) n’a ni été réalisée, ni testée, à ce jour alors qu’elle était prévue ?
La création d’une structure juridique de ce type risque d’ouvrir une brèche en Ile de France , prétexte à l’anticipation de l’ouverture à la concurrence avec d’autres opérateurs que les deux entreprises publiques SNCF et RATP et ce plus tôt que la loi ORTF ne le prévoit.
Bien que les deux présidents, comme le cabinet du Ministre, affirment que l’objectif visé n’est pas la mise en concurrence des opérateurs, ils ne remettent pas en cause les orientations des « Assises du Ferroviaire » portant la généralisation de la concurrence comme une priorité.
D’ailleurs, la création d’un GIE ou d’un GIP ne s’inscrit elle pas, en réalité, dans cette logique ?
OUI, il y a un réel danger pour l’avenir des statuts des personnels de la RATP et SNCF, tout comme pour les usagers qui n’ont rien de bon à attendre de telles orientations !
Nos organisations syndicales ont clairement réaffirmé leur opposition à la mise en œuvre d’une telle structure juridique.
Il faut sortir des logiques de concurrence savamment entretenue par les deux directions , et dont pâtissent les usagers mais-au contraire- travailler en coopération, en complémentarité, en s’appuyant sur le savoir-faire, le professionnalisme des salariés des deux entreprises publiques de services publics, une richesse pour l’Ile de France.
A la suite de ces rencontres, les présidents ont annoncé qu’ils allaient formuler une nouvelle lettre de mission … Mais l’idée d’une nouvelle structure juridique n’est pas abandonnée.
Cependant, la question centrale, qu’ils refusent d’aborder concrètement (tout comme le ministère), c’est la question des moyens alloués, aux investissements indispensables pour rénover, renouveler et développer les infrastructures et les matériels roulants sources de nombreux incidents d’exploitation.
Cela passe aussi par des moyens humains supplémentaires à statut, à la conduite dans les gares et dans les trains, pour enrayer la déshumanisation, mais aussi pour l’entretien des installations et l’entretien du matériel roulant.,
Pour nous, la priorité doit être portée à l’amélioration rapide et durable de l’ensemble des transports ferroviaires (RER, Transilien, métro) en Ile de France.
Aucune structure, qu’elle soit GIE ou GIP, ne porte cette ambition. Nous sommes disponibles et force de propositions pour œuvrer à l’amélioration de l’exploitation de la ligne B du RER et portons des revendications permettant une réelle augmentation de la qualité, de la régularité, de la sécurité et de la ponctualité.
Mais , nous ne pouvons aborder ce travail uniquement qu’en dehors du contexte qu’ils veulent nous imposer.
Nous appelons l’ensemble des agents de la RATP et de la SNCF à la vigilance, tout comme les usagers.
NON à ce projet dangereux pour l’avenir du service public !
OUI à la prise en compte de nos revendications pour l’intérêt de tous !!