23.11.2016 Déclaration CGT-RATP
L’ambition politique de la CGT d’une transformation sociale est l’objectif qui guide notre action et qui irrigue notre quotidien.
Le syndicalisme en général d’ailleurs et la CGT en particulier, a dans la période une responsabilité de premier plan. Transformer la société, c’est sur le fond porter une ambition politique et une vision sociétale, c’est aussi sur la forme agir quotidiennement, au contact des salariés et en tenant compte des contraintes économiques et sociales de notre temps.
Mais cela ne veut pas dire que l’on doit accepter de vivre à n’importe quel prix dans ce contexte. Nous cherchons surtout à créer un contexte pour vivre. Il y a donc un lien étroit et direct entre les conditions de vie, de travail et l’expression politique des citoyens.
C’est pour cela qu’à la CGT nous ne sommes jamais résignés. Notre actualité n’est évidemment pas uniquement rythmée sur l’agenda social de la direction. La question de la politique industrielle et la modernisation de notre service public sont des fondamentaux pour le développement de notre entreprise publique de service public. La politique industrielle est un sujet important dans un lien « constructeurs/utilisateurs ».
C’est malheureusement une thématique qui aujourd’hui fait l’actualité, notamment avec la question de l’avenir d’Alstom et d’ACC… c’est donc un enjeu pour notre entreprise publique comme « entreprise intégrée », c’est là un de ses atouts et négliger la maintenance, voir la remettre en cause serait mortifère dans la perspective d’ouverture à la concurrence.
Ouvrons dans l’entreprise des espaces pour en débattre, des lieux de propositions pour l’avenir car nos mainteneurs ont un réel savoir-faire, y compris à transmettre aux nouvelles générations.
A l’occasion de la réorganisation du réseau bus à Paris, la CGT-RATP a pris toute sa place et a édité un « cahier d’acteurs » afin de faire entendre sa voix dans le débat public. Il a d’ailleurs été transmis au STIF, aux institutionnels, à la direction de l’entreprise comme aux autres organisations syndicales représentatives au niveau transversale.
Nous y distinguons les différentes dimensions de ce projet, ce qui est d’une meilleure organisation du réseau, une amélioration du service public, les conditions de réalisation de ces nouveaux services et des nouvelles organisations du travail.
Si nous portons une appréciation positive pour la refonte d’un réseau mis en place en 1950, nous restons très vigilants quant aux velléités de la direction à en profiter pour faire de nouveaux gains de productivités en dégradant les conditions de travail et de vie des agents, notamment celles des machinistes receveurs. Mais ce dossier porte aussi des enjeux politiques pour ce qui est du financement des transports collectifs, comme des enjeux industriels au travers le besoin de créer 7 à 8 nouveaux centres bus, dont 2 au moins dans Paris intra-muros.
Dans un autre registre et même si nous ne sommes pas à la veille du 8 mars, cela n’empêche pas d’aborder la question des inégalités de salaires et de carrière entre les femmes et les hommes qui persistent en dépit des lois et dispositifs divers qui se succèdent depuis 40 ans. Particulièrement les femmes ingénieures, cadres et techniciennes qui se heurtent toujours à une barrière invisible qui bloque leur évolution salariale et leur prise de responsabilité. Ce « plafond de verre » s’apparente à un véritable « plafond de mère » tant les inégalités femmes-hommes tiennent largement aux discriminations subies pour grossesse, maternité ou « soupçon de maternité ».
Toutes les femmes sont, à des degrés divers, suspectées d’être avant tout des mères ou de futures mères et donc aujourd’hui ou demain moins engagées dans le travail. Résultat : une pénalisation dès le début et tout le long de la vie professionnelle avec globalement plus de difficultés à l’embauche, moins de promotions, de responsabilités, de perspective de carrière et d’évolution salariale et un risque accru de licenciement. À cet égard, le retour de congés maternité et parental est un moment particulièrement critique de la vie d’une femme au travail.
Dans un monde du travail qui fonctionne toujours sur le modèle du présentéisme et dans une société où les femmes assument la majorité des tâches domestiques, être mère et faire carrière est souvent mission impossible. Résultat, les femmes tentent de tout mener de front sans toujours parvenir à trouver un équilibre satisfaisant et en subissant une double peine sur le plan familial et professionnel. Il est grand temps que cela change. C’est pour combattre cette injustice que l’UGICT-CGT a engagé une campagne active #VieDeMère afin de faire bouger les lignes de cette réalité qui se traduit au quotidien par des remarques plus ou moins explicites, intrusives et violentes.
Ces remarques expriment une discrimination qui pèse sur toutes. Les femmes se heurtent donc au fameux « plafond de verre », barrière invisible qui bloque l’évolution salariale et professionnelle. Aujourd’hui l’UGICT-CGT veut faire voler en éclats ce
« plafond de mère » pour que #VieDeMère puisse vraiment rimer avec carrière.
En cette période où dans l’entreprise vont se dérouler dans plusieurs départements les commissions de classement. Soyez assuré que les commissaires classeurs CGT joueront leur rôle pour que les dispositions de la loi et du protocole en vigueur soient respectés à la lettre.
Pour finir, nous interpellons la direction sur les dérivent liées au recours à du disciplinaire suivi de sanctions très lourdes allant trop souvent à la révocation de l’agent.
Depuis plusieurs années les Directions s’emploient à multiplier les sanctions disciplinaires. Ainsi, sous des prétextes fallacieux, de nombreux agents qui résistent à leur politique, se retrouvent avec des demandes d’explication, des convocations devant le conseil de discipline…
Cette répression, à la RATP, a atteint un niveau qui n’a rien à envier aux méthodes du MEDEF qui rêve de revenir sur l’ensemble des droits du monde du travail.
Selon le dernier bilan social, il y avait eu en 2013, 138 licenciements / révocations d’agents sous statut. En 2015 ce chiffre explose et passe à 214, soit près de 60% d’évolution en 2 ans.
Pour ce qui est des agents hors statut, les licenciements sont passés de 68 en 2013 à 240 en 2015, soit près de 253% d’évolution.
Même si dans ces chiffres, il y a quelques ruptures conventionnelles. La CGT-RATP s’interroge sur cette situation alarmante qui cache une sorte de plan social déguisé. En 2015, c’est 454 licenciements et 179 non confirmation d’embauche. C’est donc l’équivalent de l’effectif de plus de 2 PME qui ont pris le chemin de la sortie par voie de licenciement. En 2015, la balance entre le volume d’embauche et les départs, est de -218 agents sous statut ou CDI, l’équivalent d’une PME.
Combien de temps encore la direction va-t-elle pressurisé les agents par la menace implicite du conseil de discipline, la modération salariale et la productivité en intensifiant le travail sur les attachements ?
Dans la séquence désormais ouverte de l’élection présidentielle, la CGT ne s’abaissera pas à arbitrer les programmes les plus réactionnaires, exposés avec arrogance sur les plateaux de télé par les potentiels candidats favoris du capital.
La réduction du temps de travail, la hausse des salaires, une nouvelle répartition des richesses, un état stratège en matière de politique industrielle, autant de leviers qui changeront réellement la vie des gens.
D’ailleurs à ce sujet, dans un périmètre plus restreint qu’est le nôtre, notre entreprise, les élections du CDEP-DSC et celle de la CRP sont des rendez-vous de Démocratie Sociale aux quels la CGT invitent les salariés à participer massivement à ces scrutins dans les périmètres concernés. La CGT-RATP soumet d’ailleurs au suffrage des candidats dans les 2 élections. Des candidates et candidats attachés à porter la parole et les revendications des agents, à notre entreprise publique, au service public et aux valeurs Républicaines qui nous garantis le « travailler ensemble » et bien au-delà le « vivre ensemble ».